Le copyright (ou le droit d’auteur, les subtiles différences entre ces deux régimes juridiques n’ont pas la moindre importance ici), est entré avec fracas dans l’ère du numérique. Aujourd’hui, il est devenu une menace majeure pour la Culture. Pas pour l’industrie de la Culture, mais pour la Culture, une distinction qui, en France, a disparu.
Ce n’est pas la première fois qu’une loi que l’on pensait éternelle se heurte de façon violente à un changement majeur de son environnement technologique. Dans ce livre, Lawrence Lessig nous raconte comment, en son temps, le droit de propriété terrien s’est lui aussi heurté à une invention, l’aviation, et a été, lui, révisé pour faire place au progrès.
L’interaction entre la technologie et le droit, dans laquelle le politique joue un rôle majeur, est l’un des grands enjeux de notre époque. Ne nous y trompons pas, la crise économique actuelle n’y changera rien, pas plus qu’elle n’effacera d’autres enjeux majeurs comme le réchauffement climatique. Ce n’est qu’au prix d’une révision des lois régulant la propriété sur les oeuvres de l’esprit que nous pourront pleinement entrer dans la culture du XXIe siècle, et cette bataille est loin d’être gagnée.
Cette bataille a un nom, la Culture Libre, un environnement culturel qui était, il y a à peine quelques générations, la norme, et qui est à l’origine de la Culture dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Mais notre Culture, suite à quelques habiles modifications des lois obtenues par les lobbys, et surtout à travers sa collision avec les technologies numériques, est devenue une Culture féodale, où un petit groupe possède un contrôle total et despotique sur la façon dont elle doit s’exprimer et le chemin qu’elle doit prendre.
Il est temps de libérer la Culture.
Cette lutte sera longue, mais elle ne peut aboutir qu’à une issue qui soit favorable aux partisans de la Culture Libre. La seule véritable question est de savoir combien de temps nous perdrons en chemin, et, d’un point de vue plus local, quel sera le pays qui, conscient de la place dominante à prendre au XXIe siècle, fera le premier pas, s’assurant ainsi la part du lion, demain.
Comme nous l’explique Lessig, au début du XXe siècle, ce sont les américains qui ont fait ce premier pas. Hollywood, ainsi que la radio et bien d’autres formes que prend notre Culture contemporaine, sont nés d’une pratique qui était alors qualifiée de ‘pirate’, et qui les a mené à une domination culturelle sans partage qui dure encore aujourd’hui.
Avec l’arrivée de Barack Obama au pouvoir, dont Lawrence Lessig est très proche et qu’il a soutenu tout au long de sa campagne, il est probable qu’ils fassent à nouveau ce pas dans les années à venir. La France, elle, reste délibérément à la traîne.
Alors que l’Assemblée Nationale s’apprête à voter, dans les mois qui viennent, une loi stupide qui sera dépassée à peine son décret d’application promulgué, le véritable enjeu est ailleurs, infiniment plus important que la mise au pas de vilains « pirates » (dont le tord qu’ils sont censés causer à l’industrie n’est toujours pas démontré à ce jour). Le véritable enjeu est de savoir quelles nations écriront demain la Culture du XXIe siècle, rien de moins, ceci en se libérant de la prison que lui ont construit ceux qui ont tiré profit de la Culture du XXe siècle.
Ce livre est la pierre fondatrice du mouvement « Culture Libre », aucun juriste, aucun politique, et au final, aucun citoyen soucieux des enjeux de politique culturelle ne peut faire l’impasse sur sa lecture.
Pour les geeks, c’est une occasion de prendre conscience, si ce n’est déjà fait, de la place centrale qu’est appelée à prendre la technologie dans la construction de la société de demain. Place qu’elle a déjà prise depuis longtemps dans leurs vies, et qu’elle a déjà largement structuré, dans leurs interactions sociales, dans leur modes d’accès et de participation aux connaissances et – plus largement – à la Culture.
Pour un député, par les temps qui courent, négliger une telle lecture, c’est faire l’aveux, au pire, d’une influence coupable, au mieux, d’un volonté farouche de retarder le progrès et l’avenir, par peur, par manque de courage, ou par stupidité, au même titre que les initiatives pour s’attaquer aux problèmes posés par le réchauffement climatique ont été, par le passé, repoussées, encore et encore.
Mais tout comme l’écologie est devenu – enfin – un enjeu de société, et donc un argument électoral, la Culture Libre, à laquelle toute une génération est largement sensibilisée (même si elle ne l’appelle pas nécessairement ainsi), deviendra elle aussi un enjeu de société dans les années à venir, au risque de provoquer une rupture profonde au sein de notre société.
Ce livre est indispensable pour quiconque souhaite comprendre les enjeux de cette rupture à venir, et comprendre comment la Culture au XXIe siècle peut redevenir libre.-
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05 février 2009 à 8:15
[bravo]
Un livre indispensable et un exercice rare, réalisé par passion.
+1 ;-)
05 février 2009 à 8:36
superbe! très beau travail Mr Boin :))
(tu peux reprendre une vie normale, maintenant…)
05 février 2009 à 8:44
Excellent… Puisqu’on parle de « droit intellectuel » et de « droit de propriété », de quel droit peut-on dire qu’un arpent de terre vous appartient-il ? Ne sommes-nous pas de simple « locataires de la terre » ? Pourquoi un éléphant, une fourmie n’auraient-ils pas le même droit de propriété?
Désolé, c’est ma journée « rebelle »…
05 février 2009 à 9:37
Lut la semaine dernière, après l’avoir découvert dans les commentaires de ce blog !
Très très bonne lecture. Seul (petit) reproche: pas mal d’exemples et de situations reste très liés au système juridique américains (les différences dans la gestion du copyright/droit d’auteur). Même si cela ne compromet pas la compréhension du propos, ca gène légèrement la transposition du le débat sur notre vieux continent… ca auras au moins eu le mérite de me pousser à me documenter sur la question du droit d’auteur en France (et bordel quesque c’est compliqué !)
05 février 2009 à 9:41
Du trés bon boulot. En une de Freelosophy.org dans quelques minutes… :)
05 février 2009 à 12:42
Merci Fabrice d’avoir pris le temps de nous offrir cette version ;)
Merci à Nicolas d’avoir pointé vers ce post.
Concordance des temps ;)
J’étais en train justement de faire un test d’ouverture de blog sur WordPress (rien d’extraordinaire) et je cherchais une illustration pouvant coller au message que je souhaite véhiculer au travers de ce nouvel espace de communication.
J’en suis arrivée à faire une recherche : « toiles tombées dans le domaine public » et tout à coup dans les résultats je trouve Toile et Domaine Public et j’ai un curieux tilt : ce rapport justement qu’offre le Net dans son idéologie première et encore plus depuis le « 2.0″, cet aspect de « contamination » mais dans le bon sens du terme, on pourrait dire d’essaimage ou de fertilisation. Quand on libère les esprits, la créativité devient plus intense !
Alors oui, j’adhère à une idée de Culture Libre, forcément !!!
05 février 2009 à 14:59
Bravo. Un tel travail de traduction ne peut être que le fruit d’une réel conviction. Est-ce que traduire ce genre de contenus en français peut aider à la diffusion de ces idées, je le crois. Merci.
05 février 2009 à 18:44
France terre de culture, des lumières … est aussi le plus grand musée / disneyland du monde avec sa nourriture ses musées, ses spectacles en pleine air…. bref son art de vivre, sa culture.
Il serait dommage de perdre cet énorme avantage compétitif qui pousse des hordes de touristes du monde entier à venir séjourner chez nous juste par ce que nous sommes incapables de promouvoir le label France dans le monde numérique.
05 février 2009 à 21:49
L’article est très bon, le livre dont il parle l’est certainement au moins autant, et c’est pourquoi je m’attèle dès ce soir à le lire.
Merci Fabrice ;)
06 février 2009 à 11:06
Génial! Merci bookcoup!
06 février 2009 à 14:11
Bonjour,
Bravo pour votre travail ! Merci !
Serait il possible d’éditer le livre chez ILV-Editions ?
http://www.ilv-edition.com/
Merci à vous.
06 février 2009 à 14:52
@gouchi A partir du moment où vous respectez la licence Creative Commons (voir la page 2 de l’eBook), vous pouvez en faire ce que vous voulez :)
06 février 2009 à 15:39
Je suis toujours gêné par des affirmations comme la France en retard (ça me rappelle trop les tenants d’un libéralisme échevelé qui voulait nous débarrasser de tous ces droits gênants pour leur enrichissement personnel: droit du travail, respect du contrat etc…)
Je travaille avec les US de façon très régulière, en fait je bosse pour une boîte américaine.
Pour le moment ce qui me frappe, c’est que 1), les FAI américains sont allés plus loin en 2008 pour mettre au pas les téléchargeurs que les FAI françaises (je rappelle pour mémoire les coupures de service pour les gros téléchargeurs, la suppression massive des binaries etc.) et 2) quand on va aux US, on est frappé par l’indigence de l’internet local. Haut débit qui ne dépasse pas les 512kbits, service qui ne tient pas la route avec des coupures régulières etc…
Autre différence fondamentale: l’Open Source.
Dans ma boîte, les avocats ont empêché l’installation de linux sur les postes des ingénieurs américains au nom d’un danger potentiel d’intégrer dans leurs programmes du code sous brevet. En France, nous avons passé outre et tout le monde travaille sur linux, ce qui ne va pas sans poser quelques problèmes de transfert.
Pour moi, la notion de culture libre est liée à celle de partage de la création, pas de partage des créations.
Ne mélangeons pas tout. Maintenant, je suis tout à fait d’accord que poursuivre les téléchargeurs est aussi absurde qu’inefficace.
La masse de gens concernés est simplement trop énorme. Mais il ne faut pas pousser le bouchon trop loin en affirmant qu’il s’agit d’un nouveau droit.
06 février 2009 à 15:56
Ha…
Et bien, quitte à enfoncer le clou…
1) La France est en retard, nous n’avons ici aucun lobby, rien de puissant pour s’opposer à la mainmise de l’industrie culturelle sur la Culture.
2) La France est en avance sur les US sur le haut débit, c’est l’arbre qui cache la forêt, à savoir que nous somme parmi les derniers en Europe en ce qui concerne le taux d’équipement en internet.
3) Les différences en matière d’adoption de l’Open source dans votre société sont fort intéressantes, mais c’est un cas particulier, et cela n’a rien à voir avec la choucroute.
4) Si, si, certains considèrent que le droit à participer à la Culture est un droit fondamental, mais vous avez parfaitement le droit de ne pas être d’accord avec cela, et oui, cela suppose le partage – dans la limite que Lessig nomme ‘usage loyal’- DES créations.
5) J’ajouterais que sans cette usage loyal DES créations, Disney n’aurait pas vu le jour… cf cette présentation que j’ai faite à la dernière Ignite à Paris ;)
12 février 2009 à 11:42
Libre Culture?
12 février 2009 à 11:50
@Libre Culture
Belle trouvaille, je ne connaissais pas. Maintenant, il faut trouver des volontaires pour traduire cette anthologie de la Free Culture en Français… Comme ce sont de petits textes courts, ça devrait pouvoir se faire… Wikilivre ?
Je lis cela au plus vite
http://www.archive.org/details/LibreCultureMeditationsOnFreeCulture
19 février 2009 à 14:55
Espérons que l’influence de Lessig continue de croitre aux US, et pourquoi pas en France ? Cet homme porte pas mal d’idées innovantes.
Il y a aussi son livre Code 2.0 à télécharger librement au http://pdf.codev2.cc/Lessig-Codev2.pdf
(creative commons)
22 mars 2009 à 16:05
@ Gouchi
Pour le mettre sur ILV-EDITION, il faudrait que la licence utilisée pour l’e-book autorise une utilisation commerciale.
Ce qui est clairement stipulé en page 2 du livre.
06 avril 2009 à 11:48
Ce livre mériterait d’être plus connus. Peut être pourrait-il faire l’objet d’une émission de Patrice Gélinet 2000 ans d’histoire (http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/2000ansdhistoire/). Ça contribuerait à sa diffusion !
06 avril 2009 à 12:08
Avec plaisir :)
27 avril 2009 à 5:03
tres intéressant merci bcp cé super ;)
19 juin 2009 à 21:57
Juste pour faire un petit clin d’oeil au site freetorrent.fr.
Qui propose tout un tas de fichiers sous licence CC,GPL et autre.
Vous y trouverez le livre de Lawrence Lessig à cette adresse:
http://freetorrent.fr/details.php?id=b2c98b3f0846de1f21992040e3ae85aff9144683
21 octobre 2009 à 15:48
Dans une perspective plus ou moins proche, une autre proposition pratique de reconquête de prises sur la technique, notamment en traçant les réseaux qui la constituent et en travaillant à les garder le plus ouvert possible : http://yannickrumpala.wordpress.com/2009/06/09/de-lutilite-de-lanalyse-de-reseaux-pour-retrouver-des-prises-politiques-sur-la-technique/
24 octobre 2009 à 15:05
Donc je republie (merci) puisqu’apparememnt il y a eu un problème d’enregistrement:
Sur l’allusion graphique, à un ouvrage imprimé de criticalsecret récemment sorti (je ne mets pas le lien pour la pub mais parce que j’en ai pas d’autre disponible :
http://www.rezolibre.com/detail.php?article=2471 ), d’un détournement de la couverture de Culture Libre dans la frame de droite… Aux petits accusateurs qui n’ont pas vécu : vous voulez me donner quelle leçon ? La division civile dans un même camp ? Mais c’est cela même la guerre civile, ce n’est pas celle de la division entre deux camps différents, c’est de commencer à tirer sur ses proches et sur ses voisins ! Et c’est cela tout le jeu de la société sarkozienne dans laquelle vous tombez, comme s’il n’y avait pas d’environnement à nos idées et qu’il ne faille pas savoir en quoi cela peut les resituer dans un autre sens global matérialiste dans une situation donnée. Alors que j’aurais pu au contraire attendre d’être soutenue dans mes efforts par des gens que je soutiens moi-même pour être dans le même combat pour la culture libre. particulièrement dans ce cas voici les raisons :
1. Les conditions de ce texte
L’allusion critique au macaron CC concerne donc la couverture et l’objet commercial « Dialogique pour l’origine des individus » paru aux éditions criticalsecret à l’occasion du salon de la revue. Ce livre est une version originale adaptée de la version expérimentale écrite gratuitement par les mêmes auteurs et diffusée non moins gratuitement, et toujours accessible en ligne, dans la revue des ressources : « Recension dialogique pour « L’origine des individus »de jean-Jacques Kupiec » … Read more… Read more
http://www.larevuedesressources.org/spip.php?article1228
version numérique beaucoup plus développée et plus longue (donc le contraire de l’habitude plus répandue selon laquelle les livres sont les versions développées et le web des versions soft (on dit que c’est pour des raisons ergonomiques, que les textes ne doivent pas être trop longs, etc..), quand l’ouvrage a un double format. Le site de la revue des ressources étant en sources spip et son copyright comme celui INPI de criticalsecret n’ayant d’autre objet, non pas d’empêcher les auteurs de publier autrement ou ailleurs leur contenu, mais dans ce cas que de protéger la publication originale en ligne d’un retrait, dans le cas où un éditeur externe les découvrant en ligne et voulant en faire un commerce aurait la prétention d’exiger de l’auteur la disparition de la source originale numérique (cela s’est souvent produit même pour des publications sous CC — et dans ce cas c’est l’auteur lui-même qui retire son contenu discrètement — ; La revue des ressources avant d’avoir un copyright en a souvent pâti, et criticalsecret à plusieurs reprises a du tenir bon (« faites ce que vous voulez mais n’évidez pas le site qui a pris les premiers risques avec vous, même si ça trouble votre commerce ultérieur, merci »). Ben l’auteur s’il a un peu de fric à en recevoir et un crédit professionnel à en tirer il se soumet souvent, plus souvent qu’on ne le croit — contre l’héroïsme de l’éditeur en ligne qui a pris le premier risque pour une publication gratuite mais à ses propres frais et responsabilités vu la loi de la presse édition, s’il est directeur des publications).
Le livre ici vendu au prix de 20 euros est donc parfaitement accessible gratuitement en ligne dans une forme plus développée encore, et mieux, si on se donne la peine d’ouvrir le livre on y découvrira la citation de la publication numérique avec le lien.
Etant réglée la question de la gratuité sur ce texte le livre commercial en étant la forme non seulement condensée (pas seulement poru des raisons de coût mais pour des raisons « poétiques adoptées par Christoffel, et ouais) mais la moins diffusée, je vais maintenant donner quelques explications à propos du design de la couverture et de nos pratiques qui n’ont pas l’habitude de piquer quoi que ce soit même parfois en dépit des apparences, et si jamais on s’inspire des autres en toute conscience (parfois c’est inconscient et subliminal c’est donc aussi à mes yeux une circonstance possible pour les autres à notre sujet) chez nous : on les cite ! DONC SVP : TOLERANCE ET MULTIPLICITÉ (DIVERSITÉ Y COMPRIS AU SEIN DU CONSENSUS DU LIBRE ET DU GRATUIT)! la tolérance est la mère de l’intelligence collective et de la conscience individuelle, parce qu’on ne sait jamais tout ce qui peut changer l’interprétation ou le sens, et on apprend ainsi à comprendre qu’il existe autre chose que notre nombril.
2. Sur le design
je peux garantir que le designer de la dialogique ne connaissait pas ce livre — Culture libre –, (dont, pour y revenir une troisième fois, je vois que le macaron a été ajouté de manière critique, et comme je vois en fait que la couverture de Culture libre qui apparaît au second clic n’en présente pas, mais juste les rayures, ce n’est pas une parano de ma part mais une vraie accusation voulue que de l’avoir fait en homepage vu l’actualité récente du salon)… lui étant actuellement complètement en dehors du web (depuis deux ans, il travaille dans le la réalisation graphique télévisuelle et le cinéma:) et comme quoi on peut avoir les mêmes idées à plusieurs en même temps ! c’est ça aussi la cognitivité sociale!
En outre, et sans remettre en cause l’originalité graphique de votre maquette que de toutes façons je trouve belle, il y a nous concernant des antécédents graphiques de ce modèle. Le designer avait mis en ligne gratuitement dans son propre site la maquette intégrale de l’opus imprimé N°3 de criticalsecret qu’il avait entièrement conçu et maquetté, mais que nous n’avions jamais pu imprimer car faisant plus de 500 pages le coût en offset (vu ses aplats de noir et son iconographique graphique en noir et blanc) était prohibitif (en 2005)… La base était les rayures et c’est pourquoi il les a reprises dans la dialogique car le N°3 imprimé était une version graphique originale de l’opus numérique consacré à Kupiec en 2000 (voir l’opus en ligne de http://www.criticalsecret.com/n3 :)) donc de Kupiec à Kupiec il a actualisé le même graphisme pour le projet typo imprimé de la Dialogique, pour faire une suite « sémiotique » visuelle cohérente de son propre travail (gratuit mais non soumis — il n’en fait qu’à sa tête même si).
En fait c’est lui qui est souvent copié, car si on regarde bien la couverture du Hacker en 2006 et le logo visuel du salon de la revue cette année y compris le camaïeu en monochromie du fameux jaune, et les typos noires, c’est toute la palette graphique des couleurs du Hacker qui a été reprise trois ans plus tard ! En fait cette citation visuelle consciente ou inconsciente mais in extenso de la charte des couleurs nous a honorés plutôt qu’elle ne nous a énervés:)
voir les références :
http://www.criticalsecret.com
http://www.entrevues.org/images/Affiche%202009%20%28100%20dpi%29%20-%20copie.jpg
Car lui il s’en fiche éperdument au contraire, c’est bon signe pour un designer. Il est marrant de voir que des années plus tard ses idées ont fait leur chemin parmi le réseau, que cela reste dans la mémoire sensible inconsciente, le look du Hacker — comme sans doute celles des rayures attrapées dans les même eaux mais dans une autre image de la rayure étant une autre adaptation de l’idée et de toutes façons peut-être plutôt dans l’ignorance totale de notre antériorité de fait… Que de rayures ont été commises dans le graphisme depuis les années 60 !! et donc dans l’après post-modernité fatalement ça revient, ce sont des universaux graphiques, aussi parce que les rayures c’est iconoclaste (abstrait) et c’est beau. Il y a peu de modèles graphiques aussi simples et beaux.
Mais tout cela veut dire que ses visuels de couv étaient — sont — forts, et c’est bien pourquoi je souffre qu’il résiste à en produire maintenant faute de temps.
3.
Sur la gratuité et le commerce de nos livres en général
Le Hacker est un livre d’auteur sous contrat d’éditeur, l’auteur à titre amical a consenti une part minime de droits et sans demander d’avance, alors que son livre original est sous contrat d’édition aux USA… et alors que les versions dans d’autres langues étrangères n’ont pas eu les conditions de criticalsecret : à leurs conditions d’édition, seuls des grands éditeurs auraient pu le faire ici. Notre traduction (à laquelle j’ai participé colelctivement) a été gratuite pour en pas amputer le droit d’auteur de l’auteur original : car sauf pour les droits audio-visuels des maisons qui les achètent pour faire des productions et qui ne les attribuent pas à l’auteur et les récupère, par contre l’éditeur lui s’en est servi pour accroître le crédit des droits de l’auteur (déjà bien bas chez nous) à chaque fin de tirage.
Criticalsecret a toujours tenu à la disposition gratuite des internautes la version primitive numérique de A hacker manifesto, version anglophone mise en ligne par l’auteur, et traduite par Surel pour criticalsecret, dont l’ouvrage imprimé chez Harvard Press est une version déployée et développée à propos de laquelle nous avions discuté avec l’auteur avant qu’elle n’existe, lors de son premier passage public à Paris.
http://www.criticalsecret.com/n10/A%20HACKER%20MANIFESTO/index.php
(avant le symposium au titre duquel il reste maintenant en ligne, nous l’avions déjà publié dans criticalsecret numérique, ce qui nous avait permis de rencontrer physiquement l’auteur la première fois, après l’avoir informé par email, puis de l’inviter ensuite pour une conférence dans le cadre du symposium — aux participations toutes gratuites et à l’entrée également gratuite à la MEP).
Mais de plus, dès que la maquette intégrale et originale de l’ouvrage typographique imprimé de 496 pages, pourvue de sa couverture, de la version longue sous ISBN a été prête, nous l’avons mise en téléchargement gratuit en pdf, dans notre site pendant dix jours, en ayant informé largement du lien sur les listes libres francophones et anglophones. Plus longtemps aurait été l’objet d’un refus du commissaire aux comptes de poursuivre avec nous, vu le coût prohibitif de l’impression, alors que nous sommes déjà accablants au titre d’un capital alternatif de 382 euros et donc travaillant en part maudite — c’est à dire en don non par pitié mais par excès de l’énergie et de la production.
Nous ne sommes pas assez riches pour faire de gros tirages (pas de capital) mais nous ne le regrettons pas puisqu’à entendre mes collègues cela ramènerait des retours d’invendus à passer au pilon. Aucun diffuseur-distributeur n’a voulu de nous pas même les alternatifs, car nous ne faisions pas partie du réseau politico-associatif aidé par un ou l’autre grand parti d’un côté, et de l’autre et n’avions pas assez de tirage pour passer outre le réseau. Le CNL était blindé par les réseaux associatifs pour les revues, et de l’édition pour les livres. Jamais on ne nous a moindrement consenti quoi que ce soit… et d’ailleurs la seule personne qui à titre individuel nous y ait jamais considérés comme dignes d’intérêt au double titre de notre ouvrage numérique, a disparu emportée par le Tsunami alors qu’elle avait souscrit au séjour proposé en Asie du Sud Est à bon marché par une agence de vacances française.
Si jusqu’ici nous avons vendu 600 Hackers en deux tirages épuisés (200+400) c’est un par un jusqu’à juin cette année, chaque fois avec une réimpression en offset plus coûteuse que la précédente, parce que au prix du calage à refaire chaque fois il faut ajouter l’augmentation du prix des matériaux et des frais de l’imprimeur qui se défosse sur son client… De plus, cela ne veut malheureusement pas dire qu’ils ont tous été payés, je parle notamment de ceux commandés par les libraires directement, bien loin de là. Je n’ai pas d’argent pour payer un service de contentieux pour réclamer aux libraires qu’ils me payent..
Please, amour et paix solidaire entre notre diversité généreuse.
24 octobre 2009 à 16:41
J’avoue être complètement passé à coté de l’allusion (à un livre que je ne connaissait pas par ailleurs jusqu’ici). Où est cette allusion ? Qui l’a faite ?
Sinon, pour le « détournement de la couverture de Culture Libre », ce n’est en rien un détournement, c’est la version Française de Culture Libre, publié par mes soins, avec la bénédiction de Lessig (cf premier trackback).
24 octobre 2009 à 16:58
Oui bien sûr la couverture qui est sur cette page, mais pas celle dans votre homepage qui linke sur celle-ci, que j’ai vue envoyée sur fac ebook (car elle suivait le lien);-) c’est pourquoi j’avais pris la mouche comme on dit…
http://rww.zergy.net/2009/09/28/analyse/secret-honteux-de-sagesse-des-foules-ny-pas-de-foules/
mais je vous crois tout à fait quand vous me dites que vous ne saviez pas, puisque notre designer ne savait pas non plus votre livre… c’est ça, comme je le disais, la culture ambiante, son processus cognitif en commun, en partie aléatoire.
Pour le principe je serais quand même contente que vous remplaciez le long post par le plus récent qui est plus clair sur tous les points.
25 octobre 2009 à 11:39
Mais… encore une fois, qui vous accuse de quoi que ce soit ici ou fait la moindre allusion à votre bouquin ??? Je n’y voit pas la moindre trace dans les commentaires, et de mon coté, je ne connaissais pas ce livre avant aujourd’hui.
Pourquoi tant de paranoïa ?
13 novembre 2009 à 23:08
Bonsoir, j’ai juste une petite question, les source de l’ebook sont-elles disponibles quelque part ? J’ai raté la chose ?
Merci. :)
14 novembre 2009 à 8:36
@rapahel
Le pdf n’est pas protégé, vous pouvez faire des copier-coller à votre guise du texte qui s’y trouve ;-)
30 juillet 2010 à 17:31
Bonjour,
Vous trouverez ici des versions eBooks (pour liseuses format epub et mobi (Kindle), PDF et Word) de Culture Libre :
– http://efele.net/ebooks/ (ici, il y en a un incluant une belle police Chaparral, très agréable à la lecture)
– http://www.ebooksgratuits.com/details.php?book=2198 (ici, c’est une version corrigée et améliorée du précédent, orthographe, grammaire et typographie notamment.)
Bonne lecture.
19 octobre 2010 à 9:27
Bonjour,
J’ai fait un article (beaucoup plus court) dessus : http://www.blog-libre.com/index.php?post/2010/10/19/Culture-Libre-de-Lawrence-Lessig
Bonne journée ;-)