Depuis la création du magnétoscope dans la fin des années 70, notre consommation télévisuelle s’est progressivement « délinéarisée ». Petit à petit, « le différé » est devenu « à la demande » grâce notamment aux réseaux cablés, aux enregistreurs numériques et à Internet.
La télévision est un objet de l’ère pré-web. C’est un media de diffusion massive, « top-down »: on s’assoie devant son poste et on consomme des programmes.
La télé reste un objet social. Elle est regardée souvent à plusieurs. A l’inverse, l’écran d’ordinateur est propice à une consommation individuelle, interactive et à la demande.
Ces éléments expliquent probablement pourquoi la VOD sur les écrans de télé (sur les set-top boxes typiquement) reste largement minoritaire… et pourquoi la VOD sur Internet explose.
L’avenir de la TV est-elle dans le Web? La Télé tend-elle à être plus individuelle, interactive, personnalisée et personnalisable? Voici quelques pistes d’évolutions que nous tentons d’expérimenter au sein du Lab de France 24. Nous avons déja commencé à travailler sur ces questions en publiant début septembre la version beta du Player HD France 24. L’application évoluera ces prochains mois, aussi en fonction de vos réactions. Donc n’hésitez pas à critiquer, suggérer, acquiescer… (Si vous souhaitez partager un lien ou transmettre une réaction au Lab de France 24 il vous suffit d’utiliser le tag #labf24 sur Twitter)
1. Permettre le contrôle du direct (A l’exception des évènements historiques, politiques et sportifs, la TV est bien plus confortable à la demande. C’est pour cette raison que les offres de Catchup fleurissent sur le web. Cette tendance devrait s’accélérer au point que la frontière entre VOD et direct devrait disparaitre. Encore plus fort qu’une set-top box, le contrôle du direct ne s’arrête pas à la simple capacité de mettre en pause un programme que vous regardez. Contrôler le direct c’est pouvoir revenir en arière lorsqu’on a raté le début d’une émission ou un évènement diffusé en live…. En février 2008, le Lab de France 24 a publié un prototype qui implémentait cette fonction. Quelques mois plus tard, c’est au tour de France Télévision de proposer la retransmission de l’ Open de Roland Garros en qualité HD sur Internet avec ce même « controle du direct ».
2. Faire évoluer les interfaces (La 3D et le multi-scène sont des pistes prométeuses en matière d’interactivité (ne ratez pas cette géniale expérience menée par HBO). Les interfaces de navigation et de contrôle des videos deviennent aussi de plus en plus riches. Demain nous devrions pouvoir interagir avec les contenus à l’aide de mouvements ou… d’émotions!
3. Encourager la communication entre spectateurs (Dés 2006 certaines IPTV ont commencé à intégrer des fonctions de communication entre spectateurs. C’est le cas de Joost, JustinTV, BabelGum, Megavideo… qui proposent du tchat associé à leurs programmes. Depuis un an c’est Facebook et Twitter qui ont progressivement remplacé les tchats classiques. Le premier site à avoir expérimenté l’interactivité via Facebook était CNN pour l’élection d’Obama en 2008; depuis Facebook a édité un widget permettant de réediter l’expèrience en un simple copier / coller de code HTML. On imagine facilement combien la vidéoconférence pourrait d’enrichir les expériences de direct…
4. Utiliser la transcription automatique (Des systèmes de transcription automatique trés performants arrivent sur le marché. Ils devraient bientôt nous aider à dépasser la nature continue des éléments binaires comme le son et la vidéo. Transcrits ces derniers peuvent être facilement segmentés, indexés, en somme « discrétisés »; et ce automatiquement. Parmi les premières expèriences en la matière, les solutions d’Exalead et d’Autonomy sont à noter.
5. Offrir des traductions automatiques (Dès lors qu’une transcription (qui plus est automatique et en temps-réel) est associée à un flux video, le champ des possibilités s’ouvre de façon surprenante. Une des premières applications est le sous-titrage et la traduction. Imaginez par exemple qu’un outil de traduction traite le flux de transcription automatique? Même imparfait il pourrait être d’une aide non négligeable à la compréhension…
6. Enrichir automatiquement les videos de mots clés et de chapitres (Le découpage en séquences et l’association automatique de mots clés permettent d’enrichir les videos en données sémantiques et facilite ainsi la navigation à l’intérieur des contenus. Viddler propose depuis plusieurs années une solution de chapitrage et de taggage des videos en mode participatif. Cependant ce système reste peu utilisé par les internautes. L’automatisation de cette tâche grâce aux données de transcription devrait en revanche être bien plus efficace.
7. Permettre les recherches « pleine video » (La transcription offre la possibilité d’indexation plein texte de la vidéo, aussi paradoxale que cela paraisse… et par conséquence autorise la recherche à l’intérieur même des contenus vidéos. Imaginez une télé dont le flux serait indexé en temps réel…
8. Associer automatiquement des contenus multimedia (Grâce à l’indexation et l’extraction de mots clés, il est simple de sélectionner dans une base de contenus multimedias des éléments d’informations relatifs à la thématique traité à un instant donné dans une séquence et de les proposer à l’internaute. Ajoutez à la transcription automatique temps réel un moteur de recherche sémantique assez puissant le flux TV live (ou à la demande) se voit enrichi d’informations multimédias interactives…
9. Autoriser la diffusion massive des programmes (Les contenus deviennent supports (voyez Youtube et Dailymotion…). Ils sont supports pour les marques, la publicité ou d’autres contenus. Les télés ont donc tout intérêt à autoriser trés largement la diffusion de leur programme en mode « délinéarisé » sur internet : en somme utiliser tout l’espace d’internet et non leur seul site comme support de diffusion.
10… et vous, à quelle évolution pensez-vous?
(image d’ouverture CC-by par Martin Howard)
28 septembre 2009 à 17:13
Le sport est un champ d’expérimentation adapté à la TV de demain :
Le sport à la particularité de pouvoir se vivre sans le son, l’essentiel de l’information est visuelle. L’audio, s’il est important, n’est aucunement indispensable ou tout du moins interchangeable :
Je verrai bien des programmes de foot laissant le choix des commentaires et permettant aux téléspectateurs de commenter l’événement grâce à leur micro. Ils pourraient partager leur flux audio avec les autres téléspectateurs.
Le téléspectateur aurait alors le choix du commentaire :
– commentaires diffuseur
– commentaires radio
– commentaires pro untel
– comment
– etc.
28 septembre 2009 à 20:45
Merci pour cet article exhaustif. Je trouve l’introduction très vraie : la télé est plus sociale que l’ordinateur. Ceci dit, je ne sais pas s’il faut dissocier le contenant (télé et ordinateur) ou plutôt le contenu (vidéo et texte/image). En effet, regarder un film sur un ordinateur est tout aussi social à mon sens que de regarder un film sur une télé. Alors que du contenu plus traditionnel comme du texte et des images est absorbé par les personnes à des vitesses différentes et que chaque lien offre à chaque fois la possibilité d’avoir une navigation personnalisée.
Merci pour le lien sur HBO :)
28 septembre 2009 à 23:18
5. => Plus qu’automatique, il faudrait un système de sous-titrage collaboratif, à la manière d’un wiki…
(je suis fasciné par ce qui se fait en terme de sous-titrage collaboratif pour les séries TV — les commaunuté sont énormes, et le travail de qualité. Cependant, comme il s’agit de sous-titre de contenu illégal, ce n’est pas vraiment mis en avant… Et les personnes travaillent à l’ancienne [révision successive d'un fichier en petit groupe], on est loin d’un wikipedia du sous-titrage, avec un bel outil dynamique coté client)
29 septembre 2009 à 2:40
Et si la TV était morte ?
29 septembre 2009 à 13:14
Je n’ai évidemment pas de réponse toute faite, mais des pistes de réflexion aussi.
Des systèmes comme TiVo existent depuis longtemps aux Etats-Unis (je ne sais pas ce qu’ils donnent aujourd’hui), mais nous avons du mal à nous y mettre semble-t-il. Interactivité et notions « à la demande » sont sans doute à regarder aussi en terme de contenu: certains sujets/programmes se prêtent plus à cela que d’autres. Il y a sans doute des « jeux » d’interactions (attractivité) à imaginer entre TV et Internet. Des offres plus larges aussi qui permettent de trouver d’autres publics et des audiences.
La question est vaste puisque qu’il faut connaître la finalité avant de la poser: quel est l’intérêt pour « la télévision » d’être sur Internet? Quels sont les financements? etc. La période étant aux mix, aux mélanges, c’est aussi sans doute de ce côté qu’il faut regarder (en terme de contenus).
08 décembre 2009 à 22:27
bONSOIR,je vais animer un débat sur l’évolution du sport et de la télévision depuis les années 7O EN fRANCE et l’avenir du journalisme sportif.Ce qui a été dit m’aide beaucoup auriez-vous des pistes?
mERCI
fandesim@hotmail.fr