Dans un billet de blog hier, YouTube affirme être “décidé à apporter son soutien aux nouvelles forme de créativité, et à protéger le ‘fair use’ (approx. le droit de citation)”. C’est semble-t-il une réponse au déluge de protestations provoqué par la censure des multiples parodies utilisant le film “La Chute”.

Dans ce que l’Electronic Frontier Foundation appelle “une censure disproportionnée de contenus légaux”, un nombre conséquent de vidéos parodiques remixant les colères d’Aldolf Hitler issues du film “La Chute” (Der Untergang) ont été retirés du site YouTube à l’aide de la technologie Content ID qui permet d’automatiser la reconnaissance de contenus copyrightés.

YouTube souligne que Content ID n’est pas parfait, insistant, dans le billet du blog officiel de la société, sur le fait que “Content ID ne peut identifier le contexte (éducatif ou parodique, par exemple)” et que “les détenteurs de droits sont les seuls en position de décider s’il s’agit ou non d’une utilisation autorisée de leurs contenus, nous les invitons à améliorer leurs pratiques de façon à respecter la loi”.

Le blog détaille ensuite comment les utilisateurs peuvent faire appel d’une décision de censure, insistant sur le fait que tout retrait de contenu est accompagné d’un formulaire permettant de s’y opposer et de le remettre immédiatement en ligne, donnant une seconde chance au détenteur des droits de se mettre en conformité avec la loi si nécessaire.

Il est à noter que si cette affaire passait devant un tribunal américain, il y a de fortes chances pour que ces parodies soient jugées comme légales grâce au ‘fair use’, il y a de fortes chances également pour que Lawrence Lessig voit là une occasion de défendre la Free Culture dont il est l’un des plus grands supporters.

Si le conflit continuait, nous pourrions voir là le premier procès de l’histoire de la free culture participative (j’exclus par ce terme le techno, le hip-hop et plein d’autres chose, vous m’aurez compris). Nul doute qu’un tel procès serait financé en un rien de temps par un appel au dons, et nul doute que ses répercussions seraient – à l’heure où Acta sort du bois – internationale. Nous ne pouvons espérer qu’une chose : que Constantin Film persiste dans son attitude bornée et que ce procès ait lieu.

Dans cette situation, YouTube semble intervenir dans le conflit qui monte en puissance un peu partout entre Constantin Film et les internautes, posant les choses sur la table en affirmant que le système de détection automatique des contenus copyrightés n’est pas parfait, et que ce genre de conflit doit être géré par les parties qui s’opposent directement. Pour résumer : les enfants, on se calme et on respecte les règles.

Constantin Film Produktion, le détenteur des droits, ne semble pas conscient des risques qu’il prend à s’opposer ainsi à une immense communauté internet. Outre le fait de passer à coté d’une promotion incroyable pour ce qui est sans doute le meilleur film qu’ils aient jamais produit, les représailles pourraient être terribles, les revues utilisateurs étant aujourd’hui déterminantes pour le succès d’un film.

(image © Constantin Film Produktion – oui, c’est de la provoc)

Tags : Constantine Films, Electronic Frontier Foundation, Free Culture, YouTube Inc

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