Sexting en ligne, média sociaux et responsabilité parentale font débat au Brésil

[Liens en portugais sauf mention contraire] C’est vers minuit le 24 juillet, qu’un adolescent de 16 ans et sa petite amie de 14 ans ont commencé à pratiquer la nouvelle mode du “sexting” [en français] sur Twitcam — la télé live de Twitter. Pendant quelques minutes plus de 25.000 utilisateurs ont pu voir la jeune fille se laisser molester. Conceição Oliveira, qui écrit pour le blog Vi o Mundo, a plus d’informations :

Près de 25.000 spectateurs (adultes comme adolescents) ont regardé, live et en couleurs, une adolescente, qui a ensuite déclaré avoir 14 ans, se laisser molester, assise sur les genoux de son petit ami. Pendant la diffusion, la vidéo a été enregistrée, des photos des moments les plus “chauds” ont été capturées (simples captures d’écran pendant la diffusion) et ont inondé le net avant même la fin de la transmission. Sur Twitter, l’adolescent avait le profil ‘@damzinho’, et était aussi associé à d’autres profils tels que FormSpring (compte pour questions et réponses, aussi connecté à Twitter), Orkut, Youtube etc.

Le compte Twitter @damzinho, qui a été supprimé avant l’aube.

Le garçon avait promis de prendre la virginité de la fille quand l’audience de sa Twitcam atteindrait 20.000 personnes. Malgré les demandes du public, ils n’ont pas eu de rapports sexuels devant les caméras pendant les 2 heures d’exhibition mais la vidéo et la réponse virale qu’elle a suscitée ont été suffisantes pour choquer le pays. De nombreux utilisateurs de Twitter [en français] et des blogueurs ont commencé à se poser des questions sur les rumeurs qui circulaient : est-ce que le couple était mineur, si c’était de la pédophilie et même si ils étaient frère et soeur. Despojos a été l’un des premiers blogs à réagir contre la vidéo de sexting, qui selon lui allait devenir la plus grande controverse de la journée voire même du mois :

Au-delà de l’exhibition publique de mineurs, qui est déjà une chose inquiétante, certains ont même avancé que la fille mise en scène avec “damzinho” était sa soeur et qu’elle était en état d’ébriété – ce qui, loin d’exonérer le garçon ne ferait qu’aggraver la situation.

Capture d’écran du couple

Conceição Oliveira explique les conséquences de la controverse :

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, alors même que le journal Zero Hora annonçait que la police ouvrait une enquête sur l’adolescent, celui-ci créait un autre compte Twitter avec une lettre de différence dans le nom et remettait sa Twitcam en marche. En compagnie de la même fille qui avait été filmée la nuit précédente il a bu un chocolat au lait en se vantant de ses exploits et expliquant ce qui c’était passé. La jeune fille quant à elle a répondu à quelques unes des questions des légions d’ados qui s’étaient connectés à la nouvelle Twitcam de l’adolescent, devenu une légende du jour au lendemain. C’est comme cela que les choses marchent sur internet : vous fermez un compte d’un clic et vous en créez un nouveau d’un autre.

Pendant la discussion de lundi après-midi, la jeune fille affirmait avoir 14 ans et avoir “perdu sa virginité” à 13 ans mais pas avec le garçon qui l’avait molestée devant la caméra pendant la nuit en question. Quand on lui a demandé si elle était fière de ce qu’elle avait fait, elle a répondu ‘non’ mais a ajouté qu’elle avait perdu un pari et devait payer le prix. A l’aube ils avaient joué au jeu de cartes Uno et le perdant devait se soumettre à l’autre devant la Twitcam. La question reste posée de savoir comment une jeune fille de 14 ans se retrouve dans la chambre d’un garçon de 16 ans au milieu de la nuit.

Après cela, le garçon a publié la vidéo sur YouTube en expliquant ce qui s’était vraiment passé, et la mère de la jeune fille, prise au dépourvu, la punissait en la privant d’accès à internet pendant un mois tandis que la police menait une enquête. Après tout, il semble que ce cas de sexting en ligne montre le comportement des ados brésiliens quand leurs parents ne sont pas présents. Carol Giarrante se demande ce qui est en jeu :

Tout ce que la plupart des jeunes veulent aujourd’hui c’est devenir célèbres, à tout prix. Même si c’est seulement pour un quart d’heure, une nuit, un jour ou un mois. Et les réseaux sociaux, bien sûr, sont le parfait moyen d’atteindre ce but.

Andressa Mendes, 15 ans, du blog Genéricos e Sintéticos, se demande s’il est normal pour des adolescents comme elle de tout faire pour un peu de célébrité :

Et maintenant est-ce que cela vaut vraiment la peine de s’exhiber sur Twitcam juste pour avoir davantage de followers ? Est-ce normal ou est-ce que je suis trop vieille ? Je ne crois que non… Je pense que cette jeunesse a besoin de changer…

Paulo Henrique, du blogWherever a quelque chose à dire sur le sujet :

Le plus triste dans cette histoire est que des actes comme ceux là soient commis sans réfléchir. Maintenant, admettons le, nous vivons dans un monde où toute l’information est disponible en quelques clics. Aujourd’hui, si vous connaissez le nom de ce coup de foudre de messagerie instantanée vous pouvez trouver des tonnes d’informations comme : école, cours suivis, adresse, opinions politiques, noms des proches … etc. Alors comment est-ce que quelqu’un peut faire cela [sexting] ! Honnêtement, il faut être très stupide pour ne pas voir ce qui va arriver.

Les deux adolescents sont passibles de sanctions éducatives et sociales. L’officier de police chargé de l’enquête s’intéresse aussi aux trois à dix mille personnes qui auraient téléchargé et échangé la vidéo via 4shared pour potentielle distribution et consommation de pornographie enfantine. Aux dernières nouvelles, la jeune fille aurait peur d’aller à l’école et le garçon souffrirait de dépression. Tous deux regrettent profondément cette mésaventure et proclament ne pas avoir prévu les conséquences de leur inconduite en ligne.

Ecrit par Raphael Tsavkko Garcia et traduit par Fabienne Der Hagopian


Recommandez cet article à vos amis

et rejoignez nous sur Facebook et Twitter...



3 commentaires pour cet article

  1. bourgpat

    Bcp de choses seraient à dire sur cette affaire, mais la première serait déjà d’éviter d’aggraver les choses. Oui, on est sur une connerie d’adolescents, et il serait bon de le laisser à ce niveau pour leur permettre d’oublier et passer à autre chose.

    Ce qui est amusant dans cette histoire, c’est le parallèle que l’on à avec american pie sur la web cam et le fait que cette scène soit ambivalente. Censée montrer les risques de la diffusion sur le net, elle n’en reste pas moins aguichante pour certains.

    Il est aussi intéressant de voir comment est utilisé contre les gosses leur non libre arbitre, leur incapacité juridique propre alors qu’au même moment on essaye de leur refiler des contrats juridique complexe validé sans avoir pris leur consentement éclairée. Car si cette diffusion est attaquable, c’est pas sur l’absence de consentement, mais plutôt sur une incapacité qui leur est offerte d’avoir un consentement de leur propre chef.

    Enfin il serait bon au législateur d’arrêter de faire du foin sur n’importe quoi et de toujours penser que même dans les conneries d’ados, l’important c’est de ne pas nuire et d’agir sans distinctions ce qui finalement aurait pour conséquence en ne permettant ni l’oubli, ni de passer à autre chose de finalement détruire des futurs possibles.

    Enfin, il serait peut être temps qu’au niveau de l’ensemble des courants religieux mondiaux, on arrête les conneries autour de la virginité des filles pour arrêter d’alimenter les perversions autour. Non, une fille vierge n’est pas plus sainte et pure qu’une autre. Il faut arrêter d’alimenter ce mirage de pureté et ce coté positif qui fait fantasmer les pervers et leur rappeler qu’ils ne sont que des trouillards, non de nobles passeur d’expériences.

  2. logicos

    Il n’y a eu que 25000 personnes qui ont vu ça ?
    En regard des 2 milliards d’Internautes (au moins?), ce n’est rien.

    Une bombinette ferait donc sauter la Liberté d’Expression…
    Voila a quoi est suspendu notre Liberté: a des conneries invisibles que relais bêêêêtement les medias.

    L’avenir est sombre: comme dans le monde réel, les bombinettes auront raison de nos Libertés.

  3. fruut

    Je ne pense pas que molestée soit le bon mot. En francais cela signifie frapper/violenter.

2 Trackbacks For This Post

  1. Tweets that mention Sexting en ligne, média sociaux et responsabilité parentale font débat au Brésil | ReadWriteWeb France -- Topsy.com :

    [...] This post was mentioned on Twitter by Fabrice Epelboin, damien douani, Charles Edouard, Cyroul, Pascal Gibert 【ツ】 and others. Pascal Gibert 【ツ】 said: @rwwfr: Sexting en ligne, média sociaux et responsabilité parentale font débat au Brésil http://bit.ly/deDyab [...]

  2. bresil implantation » Sexting en ligne, média sociaux et responsabilité parentale font … :

    [...] Original post by Global Voices [...]

Réagissez !

Politique de modération des commentaires

  • A propos
  • Best of
  • Buzzing
  • Tags

ReadWriteWeb est un blog dédié aux technologies internet qui en couvre l’actualité et se distingue par ses notes d’analyse et de prospective ainsi que par l’accent mis sur les usages et leurs impacts sur les média, la communication et la société. Il est classé parmi les blogs les plus influents de la planète par Technorati et Wikio. Publié en cinq langues, il s'appuie sur un réseau de correspondants locaux en Nouvelle-Zélande, aux Etats-Unis, en France, en Espagne, au Brésil, en Chine ainsi qu'en Afrique francophone. Ses articles sont publiés dans la rubrique technologie du New York Times.


Partenaires

hébergement infogérance Bearstech
af83





Appli iPhone


 

Recommandés



Activité sur le site