Il y a internet et internet : Orange dévoile sa stratégie

lombard-forbesDans un podcast avec Steve Forbes réalisé en juin dernier, quelques mois après son remplacement à la tête de Orange par Stéphane Richard, Didier Lombard lève le voile sur l’évolution à venir du plus gros fournisseur d’accès à internet Français. Evolution du modèle économique d’Orange, position de l’opérateur vis à vis de la neutralité du net, et vision assez particulière de ce qu’est l’innovation, tout y passe, et sans retenue : Steve Forbes, fervent adversaire de la neutralité du net, a sur mettre l’ancien PDG de Orange en confiance.

Nous vous proposons aujourd’hui une traduction des seize premières minutes de cet interview, essentielles pour comprendre les motivations qui se trouvent derrière l’influence actuelle d’Orange dans les débats concernant la neutralité du net et les rapports qu’entretient l’opérateur historique avec le législateur français.

Forbes : Vous êtes dans un secteur qui a connu de profonds bouleversements, sur quoi les sociétés telle que la votre devrait-elle se concentrer : le transport de l’information, les contenus, les services, ou tout en même temps ?

Didier Lombard : Ce qui vient de se passer cette année est en quelque sorte une révolution, la croissance du trafic et du mobile est exponentielle, l’impact du réseau est énorme, et tous les modèles économiques doivent être révisés. Un grosse société de télécommunication telle que la notre doit trouver un nouveau modèle économique, qui s’appuiera sur notre réseau, c’est notre cœur de métier, et c’est au centre de tout, mais aussi dans les services, où nous devons aller sur le terrain de nos «amis» qui offrent des services – c’est important pour nous d’y être – nous devons également prendre soin de nos abonnés et de nos clients, ce qui veut dire améliorer la qualité du service, car avec toutes ces machines, bien souvent il se sentent perdus, et nous devons les aider à utiliser ces merveilleux services de façon efficace, et enfin, nous devons poursuivre notre croissance dans les pays émergents, y renforcer notre présence, et éviter d’être touchés par de futurs soubresauts économiques qui ne manqueront pas d’arriver.

Forbes : Cela veut-il dire qu’en France vous allez devoir amener la fibre chez les abonnés comme l’a fait Verizon aux Etats-Unis ?

Didier Lombard : Pour ce qui est du réseau, nous devons passer au FTTH mais également au LTE, la quatrième génération du mobile, parce qu’au bout du compte, le client ne saura pas d’ou vient l’information, ce qui sera important pour lui ce sera de recevoir l’information sur son écran, son mobile, ou quoi que ce soit, et c’est notre tâche d’acheminer cette information sans impacter son mode de vie.

Cette période intermédiaire où on lui demande d’être un ingénieur, et de comprendre ce qu’est un réseau filaire, un réseau mobile, d’entrer des codes et tout cela, est une période curieuse. Quand vous regardez d’autres secteurs, personne ne vous demande par exemple de savoir quoi que ce soit sur les machines qui fabriquent vos vêtements, par exemple. A l’avenir, nous devons éviter que les clients aient à faire avec cette complexité, ce qui veut dire que nous devons investir partout.

Forbes : Vous le savez, la fibre est couteuse et demande des investissements énormes, les acquisition demandent également des capitaux. Pour ce qui est de la législation, que ce soit ici aux Etats-Unis ou ailleurs, vous avez montré le besoin d’avoir une législation souple et évolutive, qui prend en compte le fait que les cycles de l’innovation se comptent en mois et non plus en décennies. Selon vous, avez vous une législation souple en France ?

Didier Lombard : (rires)

Forbes : Je crois connaitre la réponse, mais j’aimerais entendre la votre.

Didier Lombard : (rires) en fait, on ne peut répondre au sujet de la législation française indépendamment de la législation européenne. Je dois dire que ces dernières années, la législation américaine a été plus efficace pour stimuler l’investissement dans la fibre que la législation européenne.

Ce que je pense de ce problème, c’est que vous ne pouvez pas considérer le secteur des réseaux indépendamment, et que vous devez appréhender l’ensemble des activités touchées par l’industrie des télécoms, ce qui veut dire les contenus, les services, les réseaux et, bien sûr, les terminaux.

La législation que l’on doit faire passer doit fournir des revenus à tous les acteurs de ce modèle économique. Les fournisseurs de contenus doivent avoir des revenus, les services, bien sûr, les réseaux, et ainsi de suite. Ce n’est pas le cas pour l’instant. Si vous voulez justifier d’investissements colossaux sur les réseaux, c’est infaisable. Nous devons adapter la législation afin que chaque acteur paie pour sa consommation du réseau, ce qui implique des changements dans les modèles économiques, mais ce n’est pas si difficile, vous allez voir.

Forbes : Vous avez affirmé que sans exclusivité, pas d’innovation. Vous avez amené l’iPhone [sur le marché Français] et on vous a sanctionné pour cela, on vous a critiqué.

Didier Lombard : Nous avons été critiqué, mais nous avons été les seuls durant deux ans [à commercialiser l’iPhone] (rires) et l’image, vis à vis du public, c’est que l’innovation de l’iPhone a été apportée en France par Orange, ce qui reste l’essentiel. Pour l’instant, après AT&T, nous sommes les plus gros vendeurs d’iPhone au monde.

Mais vous avez raison, quand vous faites de l’innovation, vous devez obtenir des périodes d’exclusivités, pour obtenir un retour sur investissement sur vos innovations. C’est quelque chose qui est systématiquement contesté par le législateur, mais c’est une lutte continue. Pour ce qui concerne Orange, nous continuerons ainsi d’investir dans l’innovation – nous avons 18 laboratoires à travers le monde – afin de créer les produits du futur, parce que nous pensons que notre santé dépend de cela, c’est très important pour nous.

Forbes : pensez vous que le législateur réalise que vous avez besoin d’exclusivités, en tout cas sur une période de temps, afin que l’innovation puisse rapporter et que vous puissiez payer pour d’autres innovations.

Didier Lombard : Ce qui est important c’est que la cour de justice en France qui a mis fin à l’exclusivité avec Apple a reconnu qu’il était injuste que nous ne soyons pas rétribués pour cette innovation. A partir du moment où cela a été reconnu en plus haut lieu, je suis optimiste quant à l’avenir. Il est important que nous revenions à une situation normale.

Forbes : du coté du législateur, pensez vous qu’il sera plus réceptif à votre besoin de procéder à des acquisitions, au besoin de vous développer à l’étranger ?

Didier Lombard : (rires) Je pense que nous allons assister en Europe à beaucoup de concentrations dans le secteur, nous avons commencé l’an dernier en fusionnant nos activités avec Deutsche Telecom au Royaume Uni, nous avons tenté de faire de même en Suisse, mais malheureusement, le législateur local s’est opposé à cela, et nous devons trouver une autre façon de procéder en Suisse, et nous le ferons.

Mais sur le long terme, de nombreuses fusions et acquisitions, ou partenariats [exclusifs] auront lieu. Il est impossible d’avoir, sur un continent tel que le votre [les USA] deux énormes acteurs, et en Europe, une multitude d’acteurs qui se concentrent sur de petits marchés. Si nous voulons entrer dans la compétition mondiale, nous devons avoir des activités similaires et des forces comparables.

Cela arrivera, même si cela doit prendre du temps.

Forbes : Avez vous en France ce ‘mouvement’ qui cherche a imposer ce que l’on appelle la neutralité du net, qui consiste à ce que vous fournissiez le réseau et que ceux qui l’utilisent y accès gratuitement ou à un prix très bas ? [nde: une définition assez particulière]

Didier Lombard : (rires) Bien sûr, la question a été soulevée (rires) un peu en retard par rapport au débat qui a lieu aux Etat-Unis… Les discussion commencent, en Europe et en France. Il y a ce processus de consultation, et tout cela, qui est nécessaire ici.

Forbes : J’espérais que vous alliez m’annoncer que vous aviez tué la neutralité du net afin que je puisse me rendre à Washington et leur montrer que vous aviez pris la bonne décision !

Didier Lombard : (rires) Je ne le dirais pas de façon aussi agressive, mais cela revient au même, c’est bien la réalité.

Nous devons nous débarrasser de ce que nous appelons les offres illimitées, qui ont été pensées à l’époque où l’essentiel du trafic était représenté par la voix, les données n’occupaient alors qu’une petite partie des capacités du réseau. Aujourd’hui, c’est exactement l’inverse. La voix est un usage mineur du réseau, les données qui y transitent explosent.

Maintenant, il nous faut imposer de nouveaux tarifs, où chacun paie pour la quantité de données qu’il consomme. Nous devons changer le modèle économique. A partir de là, nous n’aurons plus besoin de neutralité du net, parce que chacun paiera pour la quantité de données qu’il recevra ou émettra.

Bien sûr la transition sera un peu difficile (rire) mais c’est une solution que nous mettons en avant. J’ai cru comprendre que dans votre pays, certaines organisations mettent en avant la même solution (rires) alors nous les soutiendrons…

Forbes : Les gros acteurs comme Google pensent qu’ils devraient avoir accès au réseau gratuitement ou pour un prix réduit, et ici nous faisons l’analogie avec la différence entre le service postal public par rapport à Fedex : vous voulez un service rapide, vous devez payer.

Didier Lombard : Le problème, c’est que quand l’internet a été établit, sur des lignes en cuivre, le réseau avait été amorti, et on pouvait imaginer qu’une partie des frais soit réduits, voir gratuits. Aujourd’hui, avec la nouvelle donne du trafic, nous devons mettre en place une nouvelle infrastructure réseau, et si vous voulez que les investissements soient réalisés, il faut que les tarifs suivent. Sans cela, comment convaincre nos actionnaires de réaliser ces investissements colossaux ? C’est impossible. C’est notre argument principal.

Forbes : Pensez vous que le législateur sera sensible au fait que vous devriez être en mesure d’avoir des exclusivités sur des contenus ? Vous avez été critiqué pour les exclusivités que vous avez négocié sur le mobile concernant le foot.

Didier Lombard : (rires) Chaque fois que vous détonnez sur un marché, il vous est fait beaucoup de reproches. Je ne suis pas sûr qu’à l’avenir, nous continuions avec ce type de deals, nous avions besoin de cette exclusivité pour lancer une chaîne de télévision sportive. Désormais, c’est fait, et nous pouvons changer notre façon de faire. Nous aurons probablement à l’avenir des partenariats avec d’autres acteurs pour acheminer leurs contenus de différentes façons, mais cette période intermédiaire a été utile pour créer les chaînes, désormais, nous pouvons procéder autrement.

Forbes : Pourrez vous à l’avenir continuer avec les offres triple plays où vous amenez tout en même temps sans que le gouvernement ou le législateur vous dise que ce n’est pas juste ?

Didier Lombard : Nous avons lancé récemment de nouvelles offres, de quadruple play, sur notre réseau, qui permettent aux clients de recevoir ce qu’ils veulent, et personne n’a protesté, parce que nos concurrents ont déjà fait de même. Nous avons dit au régulateur que nous nous contentions de suivre ce que la concurrence faisait.

Forbes : Expliquez nous ce que vous nous disiez auparavant : les clients choisissent désormais les services ?

Didier Lombard : Nous évoquions à l’instant l’explosion du trafic des données, mais il y a un autre changement fondamental. Le choix initial des clients par le passé était la compagnie de télécommunication, ensuite, ils découvraient que sur le réseau Orange, ils pouvaient avoir la télévision, et d’autres services. Désormais, la situation est inversée, le client commence par choisir un service, ou par acheter un terminal, un iPad par exemple, ou un téléphone Android, et il décide ensuite sur quel réseau le connecter. Le choix du réseau est secondaire par rapport au choix du service. Cela veut dire que nous devons être présent du coté des services si nous voulons garder une relation en direct avec le client, ce qui est essentiel. Notre atout principal, c’est notre relation avec les consommateurs.

Forbes : Quelles différences voyez vous entre le marché des télécoms aux Etats-Unis et en Europe ? Vous avez mentionné que la neutralité du net montre son visage hideux en France, nous l’avons depuis un moment… Voyez vous d’autres différences entre les deux continents ?

Didier Lombard : Cela dépend de la façon dont vous observez les choses. Dans l’immédiat, vous pouvez vois des différences en termes de législation, d’infrastructures des réseaux haut débit – le fait que vous avez ici beaucoup de gros acteurs du câble est une différence notable par rapport à la situation dans de nombreux pays européens – mais ce n’est qu’une vision à court terme.

A moyen terme, nous faisons face à exactement les même problèmes. Nous entrons dans une nouvelle ère pour l’internet, la transmission des données, des services, le multi écran, la télévision connectée, tout cela arrive très vite, et il existe de nombreuses similarités entre les deux marchés. Même s’il ne sont pas parfaitement alignés, ils restent très similaires.

Mais vous devez garder à l’esprit qu’il existe un troisième continent, l’Asie, qui fait des progrès chaque jour. Chaque mois ils raccordent 8 millions de nouveaux abonnées au mobile, et ils sont très malin quand il s’agit de développer de nouvelles technologies. Vous ne pouvez comparer les USA et l’Europe sans prendre en compte ce qu’il se passe en Chine. C’est la recette pour comprendre l’avenir.

(Photomontage réalisé avec les photos CC du World Affairs Council of Philadelphia et de Adam Tinworth)


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20 commentaires pour cet article

  1. sh0rt3n

    Ça commençait bien puis ça à fini en eau de boudin comme on dit.

    Ce que j’ai du mal à comprendre dans le début du discours c’est les lourds investissements en innovation que Orange a dut faire sur la mise en vente de l’Iphone. Si il y eu investissement c’était spéculatif et marketing mais absolument pas de l’innovation technologique.

    Pour ce qui est de la neutralité du net et de du paiement au volume de données transmises je ne dis pas non mais ce sera avec Adblock et je réfléchirai à deux fois avant d’aller sur You…tube(porn) :D. C’est certain qu’en tant que consommateur, le modèle de l’illimité (même si il est limité :D) est le meilleur. Là où son discourt ne tient pas c’est pourquoi il veux nous faire payer au volume alors que tous les professionnels payent à la largeur du tuyaux …

    Bref des changements s’annoncent et j’ai hâte de revoir l’idée de faire payer les fournisseurs de contenu pour être diffuser (en plus des frais d’hébergement bien sur).

  2. Guillaume

    Super intéréssant!

    Position claire sur la neutralité du net! Ses défenseurs sont les « méchants » … dur à encaisser et je ne savais pas Forbes aussi engagé dans le conflit.

    On a encore des belles rigolades en perspectives avec Orange quand ils missionneront leur nouvelle directrice communication sur ce type d’interview: Christine Albanel (porteuse de l’Hadopi) =)

  3. Barbamaman

    Rien de nouveau mais ça demeure affligeant…
    Vous êtes abonnés chez SFR ? Et bien vous pouvez dl tant que vous voulez sur les sites de Universal, sans contrôle de volume, mais si vous allez ailleurs, hop, ça taxe. S’en suivra une multiplication d’accords commerciaux entre FAI et fournisseurs de contenus et, à terme, ce seront encore les mêmes que ds les médias classiques qui tiendront les rênes, avec une raréfaction de l’offre et le net vu seulement comme un vecteur de distribution commercial et contrôlé…

  4. Abiram

    « Aujourd’hui, avec la nouvelle donne du trafic, nous devons mettre en place une nouvelle infrastructure réseau, et si vous voulez que les investissements soient réalisés, il faut que les tarifs suivent. »

    Mensonge éhonté, les techniciens de France Telecom, lorsqu’on prend la peine de causer avec eux, confirment que l’entreprise a passé ses deux dernières années en tant qu’entité publique à installer de la fibre optique partout où elle faisait un trou, donc aux frais du contribuable. Il ne reste que les immeubles à raccorder dans bien des endroits.

    Donc, il est vrai qu’il faut mettre en place une nouvelle infrastructure, mais l’essentiel de celle-ci est déjà en place grâce à l’argent public. Il faudrait trouver des sources fiables (ce dont je ne dispose pas) et lui jeter à la figure.

  5. Icho

    « Nous devons adap¬ter la légis¬la¬tion afin que chaque acteur paie pour sa consom¬ma¬tion du réseau, ce qui implique des chan¬ge¬ments dans les modèles écono¬miques, mais ce n’est pas si dif¬fi¬cile, vous allez voir. »

    « Maintenant, il nous faut impo¬ser de nou¬veaux tarifs, où cha¬cun paie pour la quan¬tité de don¬nées qu’il consomme »

    « Vous avez men¬tionné que la neu¬tra¬lité du net montre son visage hideux en France, nous l’avons depuis un moment »

    Incroyable, vous remarquerez les verbes et le temps employé « nous devons adapter », « il faut imposer » et j’adore particulièrement le « ce n’est pas si difficile, vous aller voir ». Je trouve que ça en dit long…

    @ Barbamaman, je suis totalement d’accord avec vous

  6. Guillaume Champeau

    Merci pour cette transcription. Quelque part ce qui m’a le plus choqué ce sont les questions de Forbes et sa définition de la neutralité du net…

  7. David

    Je suis comme sh0rt3n, je cherche encore où est l’innovation pour Orange dans le fait d’avoir en « exclusivité » l’Iphone… J’ai beau chercher, je ne vois pas…

  8. Fabrice Epelboin

    @sh0rt3n

    Le paiement au volume pose un problème d’égalité face à l’accès à l’information. Ce n’est pas à rejeter à priori, en effet, mais il me semble indispensable de poser cette clé de lecture et d’en faire débat : les riches ont-il droit à plus d’information ? (c’est déjà le cas avec tous les autres moyens d’y accéder) Ne sommes-nous pas dans un pays qui tente de faire mentir cela quand il s’agit d’accès à l’éducation ? N’est pas quelque chose de similaire ?…

    @David

    D’où ma remarque sur « une vision assez particulière de l’innovation » ;-)

  9. Emma indoril

    @Fabrice Epelboin
    J’ai un peu de mal avec cette déclaration :
    « Ne sommes-nous pas dans un pays qui tente de faire men­tir cela quand il s’agit d’accès à l’éducation ? N’est pas quelque chose de similaire ?… »

    Si effectivement, l’accès à l’information et l’accès à l’éducation sont des choses parfaitement similaires. J’ai quelques difficultés avec l’égalité à l’accès à l’éducation. (ou alors j’ai mal lu votre intervention, il y a l’expression « tente de faire men­tir » qui me semble quand même bien important^^)

    Car au niveau éducatif, il y a quand même dans notre système un certain nombre de « filtres » mit en place, pour que les pauvres n’accèdent pas aux études supérieures.

    Je vous recommande le visionnage de la conférence gesticulée de Franck Lepage : Inculture 2 (http://www.youtube.com/watch?v=YTSDeVquHks).

    Ce n’est pas pour autant que je défend la position d’Orange, il FAUT que l’accès à Internet soit le même partout, pour tout le monde !
    Et il va falloir se battre pour cela.

  10. Fabrice Epelboin

    le « tente » est important, oui, reste que l’accès à l’éducation est beaucoup plus égalitaire qu’ailleurs, et que l’extrapolation à l’information en général fait sens par rapport aux valeurs habituellement défendues dans ce pays… Sinon, évidemment qu’il y a des filtres, tout comme il y en aurait également si internet devenait comme par miracle gratuit et installé partout avec un ordi gratuit en prime.

  11. Pierre

    @abiram je trouve étrange que Orange installe de la fibre avec des deniers publiques, est-ce que vous pouvez fournir des références? Je pensais que Orange construisait le réseau fibre sur ses deniers.

    @Fabrice Epelboin
    l’argument de l’accès a l’information, qui est louable, n’implique pas la neutralité du net. Fournir un accès de qualité a une quantité raisonnable d’informations (et a une vitesse raisonnable) suffit largement à fournir un accès a l’information. Tout le monde n’a pas besoin d’un illimité en volume et/ou d’un accès ultra rapide.

    l’etat voudrait un reseau ouvert vendu a pris coutant: ca s’appelle un service public. il y a peu de chances qu’il soit construit par des entreprises privées vu le montant des investissement et la faible marge que l’etat va imposer.

    si on demande aux entreprises de le construire, il faut leur assurer une marge, soit avec de l’exclusivité borné dans le temps, soit avec des prix de vente en gros qui rendent cette construction attractive.

    j’ai aussi l’impression que si on ouvre le réseau comme le veut un Google, leurs services qui sont excellents balaieront la concurrence européenne. Quel est l’intérêt de l’Europe de forcer ses entreprises à construire des réseaux sur lesquels les marges sont faibles et laisser les américains marger sur leurs services? si Google/Apple ou équivalent, fait passer de la VoIP sur les réseaux européens, le business model des telco s’écroulent, on licencie massivement en Europe et on engraisse de grosses entreprises hors Europe. Le raisonnement est caricatural bien sur, mais il est assez plausible. Ca ne dit pas pourquoi on ne sait pas développer de bons services en Europe entre parenthèse.

    @Emma indoril je ne crois pas que cela soit aussi simple: les reseaux mobiles et internet sont tres differents en terme de capacité. Imposer que l’acces soit le meme sur les 2 m’a l’air compliqué.

  12. Fabrice Epelboin

    @Pierre

    A un détail près, ce sont bien les sous de l’etat qui financent une partie de la fibre, et ce n’est pas l’etat qui décide des contenus mais des entreprises privées…

    S’il n’y a plus de nett neutrality, il n’y aura plus d’innovation, soit parce que Google écrasera tout, soit parce que ce sera Orange, soit plus vraisemblablement une alliance des deux. Toujours est-il que ce sera la fin des startups et de l’innovation tel que on l’a connu sur le web ces 15 dernières années…

  13. dvalin33

    Le principe de la Neutralité du Net est de permettre à tous les flux d’avoir le même droit sur le réseau. Si on enlève cette règle fondamentale, rien n’empèchera Orange (ou autre) de booster le débit vers ses sites, contenus etc, et de brider comme des fous dès que le contenu est étrangé aux siens. Ainsi, les gens n’iront plus vers les autres contenus, et vous vous retrouvez avec un monopole que vous pouvez rendre payant.

    Après, il faut qu’Orange arrête de pleurer car une grosse partie de ses fonds viennent de l’Etat (actionnaire majoritaire) et le réseau a été posé en grosse partie par France Télécom qui était un service public. Donc nous avons une personne de mauvaise foi qui explique que le réseau leur a couté super cher alors qu’ils n’ont commencé à payer que depuis que France Télécom est devenu Orange. Pendant ce temps là, les autres Fournisseurs d’Acces Internet (FAI) posaient aussi des cables avec leurs deniers. De plus, une grosse partie du réseau fonctionne comme le réseau électrique : appartient à l’Etat avec RENATER.

    L’avantage de la Neutralité du Net (oui, je suis un de ces odieux défenseurs, cf mon blog) est qu’elle permet, comme le dit Fabrice Epelboin, l’innovation. Sans ce principe, il n’y aurait sans doute pas tous les services que nous connaissons actuellement (Youtube, téléphone par ordi, web 2.0, etc). Sans la neutralité du Net, je vous conseille de réinvestire dans les minitels vous allez gagner une fortune!

  14. Emma indoril

    @Pierre : oui, je sais cela, mon propos s’appliquait principalement à l’internet « classique », euh, pas sur téléphone portable…

  15. Flo

    À l’entendre on dirait que c’est Orange qui a inventé l’iPhone…

    Mettre un smartphone à disposition d’un marché, quelle innovation ! Pfiou ! Ça mérite bien un petit geste compensatoire de la part de l’état !

    Le pire c’est que je pense qu’il en est vraiment convaincu…

  16. Pierre

    @dvallin33

    j’essaie de voir le // avec les routes et autoroutes. pourquoi les autoroutes sont payants?

    sur la partie financement du reseau Orange, je manque de reference:
    * l’etat est actionnaire, ca n’en fait pas de l’argent public pour autant, il doit aussi toucher des dividendes non?
    * le reseau cuivre a effectivement ete financé du temps du service public, le reseau associé a du etre remplacé a 100% (plus trop de commutateur), le reseau fibre n’existait pas, et le reseau mobile a du changer plusieurs fois a 100% aussi.
    * je ne crois pas que Orange pleure particulierement, les 2 autres ne font guere mieux, en equipant uniquement les zones denses et rentables. depuis que Free est rentré dans les zones mi-denses, son deploiement c’est fortement ralentit, ce qui n’est pas surprenant.
    * est-ce que Renater supporte toujours une grosse part du traffic reseau global FR?

    Pour revenir a la neutralité: si je comprends bien elle est de 2 natures:
    * acces purement reseau (traffic IP) qui doit etre le meme quelquesoit le protocol
    * acces au contenu qui doivent etre maintenu identique quelques soit le fournisseur
    et le consommateur

    l’etat de l’art est different entre le reseau IP classique et la partie mobile
    * sur la partie IP classique: beaucoup de capacité actuellement (si on freine juste un peu le P2P qui est illegal a 99% ?)

  17. Pierre

    grrr j’ai clické trop tot et je ne peux pas corriger.

    * sur cette partie, oui je pense que le traffic doit etre neutre (i.e. l’isp ou un fournisseur de contenu) ne doit pas privilégier un client plutôt qu’un autre

    * sur la partie mobile: si j’ai bien tout compris, l’iPhone et l’usage d’internet sur mobile ont fait exploser le volume de donnée, les reseaux gsm sont saturés et il faut investir lourdement. Un des points clefs a mon avis sur la net neutralité: si on applique le raisonnement a la VoIP, les communications mobiles deviennent au prix de la data sur le reseau. Les operateurs de telco voit leurs benefices disparaitrent comme neige au soleil. Pas etonnant qu’ils n’y soient pas trop favorable. Est-ce que ca bénéficie au consommateur, oui a court terme, car la facture mobile devrait baisser. Qui finance alors le déploiement du réseau? L’etat? Et à moyen terme, si les telco n’ont plus de marge pour financer l’innovation des services qui va le faire?

    Je pense que la migration vers la VoIP est inéluctable (le législateur va sans doute l’imposer) mais ca va se faire en douceur sur 10 ans pour ne pas creer de choc sur le marché

    pour les contenus, je vois beaucoup moins bien ce qui doit etre fait. pourquoi le modele TV ne s’appliquerait pas sur Internet? des exclus sur des chaines à péage?

    pour ce qui est de l’innovation sur Internet, Google n’a plus un effet trop salutaire, les startups californiennes s’en plaignent assez.

    l’innovation sur internet est comme sur tous les marchés qui maturent plus difficile, parceque le ticket d’entré est devenu élevé (comme pour creer maintenant une marque de voiture avec sa R&D et ses chaines de production)

    les brevets/licences sont a mon avis plus nocifs pour l’innovation que la neutralité. Cette neutralité doit être régulé je suis d’accord, mais ca n’est pas pour ca que tout le traffic doit être logé à la même enseigne. Si je veux une latence plus basse sur le réseau, ou du débit garanti, je peux payer un peu plus sans que cela nuise à l’innovation.

    je ne vois pas bien les compromis à trouver, mais une position manicheenne m’a l’air difficile à tenir.

  18. hlfx

    Sans surprise de la part de l’ancien boss France Telecom…

    Sur un sujet bien différent, Lombard est grosso modo à l’humanisme ce que le Bréviaire du carabin est aux Evangiles. Je conseille ce document sur la politique de France telecom sous Lombard, un peu long certes (équivalent à 6 pages A4), mais tout simplement édifiant : http://www.sens-public.org/spip.php?article752
    Pour mieux comprendre le personnage et ceux qui l’entouraient… Ames sensibles s’abstenir !

  19. dvalin33

    @Pierre, je comprend ce que tu veux dire. Mais pour savoir si un paquet de données est du P2P ou du HTML comment fait-on? Il n’y a qu’un seul moyen efficace : l’ouvrir. Ca implique un espionnage systématique de tout ton trafic. Penses tu réellement qu’ouvrir tous tes paquets avant de les transmettre va augmenter sa vitesse sur le réseau?

    Deuxièment, tu dis que le P2P est illégal à 99%, à la base c’est surtout un protocol pour les universitées. En plus, le problème du réseau n’est pas le P2P, à mon avis, mais plutot les DDL tel Megaupload. En effet, le P2P est en perte de vitesse depuis l’Hadopi, à l’inverse des DDL. Le problème est qu’ils plombent le réseau taut autant que le P2P, mais vu que c’est du protocol HTML ils ne sont pas repérables. De plus, avec du P2P, on est vraiment dans du partage (légal ou non) décentralisée => but même d’internet. Avec les DDL, les données sont centralisées sur un point du réseau => minitel.

    Je suis contre les brevets/licences, mais je peux comprendre leurs intérêts : permettre à celui qui a payé pour de la R&D d’avoir un retour sur investissement.

    Une autre utilité de la neutralité du net, c’est que n’importe qui peut faire son trou sur le net, que ça soit une grande ou une petite entreprise, puisque tous les contenus sont égaux sur le réseau. Si on abandonne ce principe, les grosses entreprises pourront payer les FAI pour avoir un accès prioritaire sur le réseau.

    Tu fais le parralèle entre les autoroutes et les routes, d’accord. Maintenant imagine que le réseau routier appartienne à Peugeot, Renault, Skoda, Seat, Volvo, etc. Lorsque tu voudras prendre un bout du réseau de la marque de ton fabriquant tu auras accès à la super autoroute toute neuve, avec vitesse illimitée, ect, et lorsque pour arrivé à ton point de destination, tu vas passer par une portion appartenant à un concurrant, ils t’obligent à prendre un chemin carrossable, serais tu pour ce système? Avec le net, il ne faut pas oublier que les FAI sont à la fois des constructeurs automobiles et des constructeurs du réseau routier (pour garder le parralèle avec le monde automobile), c’est ce qui rend dangeureux la chose.

  20. mmw

    un peu de culture,

    P2P networks are typically used for connecting nodes via largely ad hoc connections.[citation needed] Data, including digital formats such as audio files, and real time data such as telephony traffic, is passed using P2P technology.

    Steve Forbes est un imbecile, c’est comme le voit ici en Silicon Valley tous les gros acteurs, et il interview un névrosé un peu idiot, donc ca donne cette mixture peu interessante et pleine de mensonge (surtout en ce qui concerne les couts des données et du traffic), FT peut essayer de faire le forcing, ils seront rappeler a l’ordre par les geants. et Stéphane Richard, la democratie tu connais? si ca t’emmerde tant va donc rejoindre ton ami Beny dans sa grotte? tu peux y inviter Forby.

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  5. Avenir d’internet? Vous allez payer maintenant! :

    [...] Il y a internet et internet : Orange dévoile sa stratégie  | ReadWriteWeb France. Didier Lombard (extrait): Nous devons nous débar­ras­ser de ce que nous appe­lons les offres [...]

  6. Film sur Google, Statistiques Facebook… [Lu sur la blogosphère] | Webmarketing & co'm :

    [...] Il y a internet et internet : Orange dévoile sa stratégie – ReadWriteWeb [...]

  7. Association Internet Libre en Corrèze » Blog Archive » Internet un réseau neutre et acentré :

    [...] C’est même d’ailleurs déja dans les cartons. [...]

  8. Neutralité du net : le feuilleton de l’été et le cauchemar de l’Assemblée | ReadWriteWeb France :

    [...] net était bel et bien enter­rée. Une pro­vo­ca­tion de la part du FAI contrôlé par l’Etat qui sonne comme un aveu, ou – ques­tion de point de vue – comme une insulte faite à la repré­sen­ta­tion [...]

  9. Apple au secours de la neutralité du net ? | ReadWriteWeb France :

    [...] protégée de toutes parts : brevets, et exclusivité (un coup dur pour Orange, qui jusqu’ici a toujours plaidé pour ce genre de choses). Les opérateurs,de leur coté, font, selon Le Monde, d’énorme pressions sur Gemalto chez [...]

  10. Contre toute attente, le cours d’Orange reste stable | ReadWriteWeb French edition :

    [...] de chance pourtant que le départ de Didier Lombard, l’ex président d’Orange, grand ami de la neutralité du net lui aussi, suffise à calmer la crise qui vient d’éclater, et qui ne devrait pas tarder à devenir une [...]

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ReadWriteWeb est un blog dédié aux technologies internet qui en couvre l’actualité et se distingue par ses notes d’analyse et de prospective ainsi que par l’accent mis sur les usages et leurs impacts sur les média, la communication et la société. Il est classé parmi les blogs les plus influents de la planète par Technorati et Wikio. Publié en cinq langues, il s'appuie sur un réseau de correspondants locaux en Nouvelle-Zélande, aux Etats-Unis, en France, en Espagne, au Brésil, en Chine ainsi qu'en Afrique francophone. Ses articles sont publiés dans la rubrique technologie du New York Times.


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