A force d’échanger avec ceux qui affrontent les dictatures sur les réseaux, on fini par repérer des occurrences amusantes. Je passe mon temps à croiser (au sein de Techtoc.tv) des dirigeants d’entreprises à la recherche de l’entreprise 2.0, et du coté des hackers, des réflexions agitent les esprits sur un thème somme toute similaire : celui d’offrir à un ensemble bordélique de compétences disparates les outils lui permettant d’orchestrer ses efforts afin d’optimiser le résultat de son travail.
Qu’il s’agisse de piloter une entreprise ou d’accompagner un bouillonnement de bonnes volontés activistes, le constat est le même : la structure hiérarchique de l’entreprise ou la nature anarchique et improvisée de la gestion de crise des hacktivistes ont beaucoup a gagner en efficacité si on leur offre les outils appropriés.
Le sujet de l’entreprise 2.0 étant abondamment traité ailleurs, c’est plutôt sur l’hacktivisme que je vais m’attarder, et son problème du moment : le changement brutal du tempo, qui l’oblige à trouver tous les moyens possibles pour augmenter sa productivité.
Pas évident quand l’organisation est par nature désorganisée, sans commandement, et sans frontières définies, et qu’il n’est bien évidemment pas question de changer cela (pas plus qu’il n’est envisageable de rayer la hiérarchie au sein d’une multinationale, finalement).
La comparaison entre ces deux mondes s’arrête là, car sur le terrain, la façon d’aborder le problème est radicalement différente. Un constat s’impose, tout d’abord, bien que ne possédant ni commandement central ni structure hiérarchique, une ‘organisation’ comme Telecomix œuvre de façon cohérente et continue à saper le dur labeur des dictatures à travers la planète. En dehors d’outils de contournement de la censure, une large partie de leur travail touche à l’identité, et plus particulièrement à l’anonymat et sa protection électronique.
La crypto anarchie au secours de la démocratie
Telecomix est un groupe aux contours délibérément flou d’activistes du numérique. La gestion qui y est faite de l’identité du groupe (pas nécessairement anonymes à titre individuel, certains de ses membres sont des personnalités reconnues de la scène hacker), ainsi que son mode d’organisation, est proche des Anonymous, sans pour autant que les deux groupes ne soient affiliés d’aucune façon. Pas d’identité, pas d’autorité, les règles du jeu social imposées au groupe sont les mêmes, mais la ressemblance s’arrête là. Chez Telecomix, on est au sein de l’élite du hacking, même si le groupe est ouvert à d’autres spécialités. Le genre d’environnement où l’on rêvait, à l’âge qu’ont les Anonymous, de décrocher la médaille Fields (et dont certains poursuivent encore ce but avec assiduité).
Les mathématiques font office d’écritures sacrées, au point d’élever une intelligence artificielle – Cameron – au rang de leader (inutile d’y voir une dérive Raelienne, c’est juste une blague sous la forme d’une mise en abime d’un bout de code, une façon de faire de la philosophie avec du PHP – ou du Java, je n’en sais rien à vrai dire). Cameron a plus fonction de miroir agrégatif des idées émises par ceux qui la fréquente, c’est d’ailleurs elle qui est en charge de la communication publique, très inspirée par la propagande du passé. Un référent culturel différent de celui des Anonymous, qui même s’il présente beaucoup de similarités, l’ancre dans une autre génération.

Comme chez les Anonymous, on dispose de sa propre agence de presse (un point également partagé par les altermondialiste, au passage), et comme chez les Anonymous, Telecomix tient plus du concept que de l’organisation. C’est, selon ses propres termes, un « cluster décentralisé », un oxymoron pour définir sa forme qui est certainement ce qui en fait, là encore, une entité sociale propre au numérique. Comme chez les Anonymous, l’organisation – appelons plutôt ça un système, histoire d’éviter la confusion – est en état de gestion de crise permanent depuis quelques mois. En guerre, pour ainsi dire, sauf qu’il ne font pas de cyberwar et s’y refusent. Le DDoS, ce n’est pas le genre de la maison, leur action se résume à « ouvrir les réseaux ». Vaste programme, qui les placent aux cotés de ceux qui luttent contre les dictatures ou contre les lois qui la rendent possible dans le numérique, comme Hadopi ou Loppsi. Les synergies sont nombreuses, et les connexions établies de longue date (on peut même parler de racines plus que de connexions).
Des armes pour lutter contre l’oppression
Ouvrir les réseaux, libérer l’information, même en cas de blackout décidé par un dictateur, de censure, ou de surveillance, défendre et protéger le droit à l’information et à la publication : tout cela passe par la mise point d’une palette d’outils. L’anonymat, sa protection, les méthodes pour contourner la censure et échapper à la surveillance sont au coeur de leurs travaux.
Il faut être honnête, et reconnaitre que les outils proposés ne sont pas tous à la portée du premier venu. Jouer les cyberactivistes dans certaines parties du monde, comme l’Iran d’aujourd’hui ou la Tunisie d’hier, peut très vite s’avérer dangereux si l’on ne possède pas un sérieux bagage technique. Mais pour qui veut s’y mettre sérieusement, ils fournissent tout l’arsenal nécessaire. La liberté a cependant un prix : la connaissance.
Les réseaux de ces dictatures sont en effet infestés de technologies très offensives pour la vie privée des internautes qui y naviguent, dont le fameux DPI, que l’industrie du disque, en France, cherche à imposer à tout prix, y compris au prix de la fin de la démocratie. A l’aide de ces technologies, les internautes sont pistés, surveillés, réprimés et harcelés. Si les technologies permettant d’échapper à tout cela sont complexes, c’est avant tout parce que l’arsenal répressif numérique est de nos jours particulièrement puissant, que le marché des armes numériques est totalement dérégulé, et qu’il n’existe rien qui soit de l’ordre de la convention de Genève. Vous comptiez sur le sens des responsabilités et de l’éthique des acteurs des NTIC ? Think again.
Les débordements sont légion, tout comme, Dieu merci, ceux qui s’y opposent.
Voici donc les techno-utopistes qui font frémir Evgeny Morozov, à ceci prêt que ceux-ci fournissent tout l’arsenal nécessaire pour échapper aux méfaits qu’un régime autoritaire peut infliger à ses populations via le numérique, et luttent (comme Morozov, du reste) contre ces dictatures modernes, au jour le jour.
Et pourtant, elle tourne.
La crise actuelle ordonne au système de réagir vite, très vite, à partir d’un chaos animé par un idéal commun : défendre et augmenter le droit à l’information (ou plus précisément la liberté des octets, question de point de vue). Pour cela le système dispose d’une palette de compétences hors du commun. Si vous avez entendu parler d’entreprise agile, c’est bien pire : ce n’est pas une entreprise, et c’est infiniment plus agile. A tous les niveaux – si tant est que le terme niveau ait un sens – on improvise.
Le fait qu’un tel système puisse produire des résultats aussi tangibles laisse pantois, et leur travail de sape de longue haleine face aux dictatures du monde entier ne peut que susciter l’admiration (ou les craintes comme pour Morozov). Mass mirroring de Wikileaks afin d’échapper à la censure, ou mise en place d’un réseau de communication internet d’urgence sur la base de stations de radios amateurs afin de désenclaver l’Egypte du blackout instauré par Mubarak : ces deux projets issus de Telecomix sont intéressants à plus d’un titre.
Les deux ont été menés dans l’urgence : le miroring de Wikileaks il y a quelques mois, le pont aérien numérique avec l’Egypte il y a quelques jours. Rien n’a été planifié au préalable, tout a été improvisé sur le moment.
Le réseau radio en est encore aux ajustements (au beta test, en quelques sorte). Le projet révèle un lot de complexités inouïes et met en branle des compétences très variés : il se heurte à de nombreuses inconnues, mais donne néanmoins des résultats. Une capacité à gérer l’innovation créative en temps réel stupéfiante, et certainement très riche d’enseignements pour le monde de l’innovation en général. Nul doute, qui plus est, que la prochaine fois qu’un tel dispositif sera déployé, il sera bien plus efficace : il suffit de regarder pour cela un autre projet, celui des sites miroirs de Wikileaks, pour voir comment, quelques mois après sa mise en place, il s’est structuré pour apprendre du chaos et améliorer son efficacité, sans pour autant renoncer le moins du monde au chaos (ou à l’anarchie, si vous préférez).
Streisand.me, le service en ligne né de l’expérience des sites miroirs de Wikileaks, en fait la synthèse et prépare la prochaine opération qui, de l’aveu de l’un de ses responsables, Fo0, promet d’être beaucoup plus efficace lors de la prochaine grande opération de mirroring. Il déploie aussi bien une approche destinée à permettre à tous de participer à l’opération (dans le même esprit que l’opération Leakspin des Anonymous) que de la professionnaliser quand il s’agit de s’adresser à un public plus averti.
Le nom vient bien sûr du fameux ‘effet Streisand‘, qui veut que chercher à dissimuler une information ne fait guère que contribuer à la rendre plus visible. L’efficacité est redoutable : en cherchant à censurer Wikileaks, le gouvernement Américain a permit à Telecomix de démontrer qu’il était désormais strictement impossible à quiconque de censurer quoi que ce soit. Même en imaginant un monde intégralement Orwelien, l’approche de Telecomix, que ce soit en termes organisationnel ou technologique, rend toute censure impossible.
Streisand.me est aussi un sévère avertissement (de plus) lancé aux gouvernances : c’est LA démocratie et LES droits de l’Homme qui sont défendus, et en aucun cas LES démocraties, qui sont nombreuses à s’égarer et à s’éloigner de leurs idéaux lors de leurs premiers pas dans le numérique. La réaction attendue par beaucoup (dont moi), consistant pour les plus démagogiques au sein du clan des démocraties, à traiter ce type d’activistes de terroristes, va être des plus difficile à argumenter une fois leurs exploits révélés au grand jour, et les égarements des prétendus démocrates mis en évidence.
On pourra toujours se rabattre sur la qualification de cryptoanarchistes, irréfutable, mais voilà : le jeu des démocraties contemporaines et leur obsession de régulation poussée par les lobbies a ouvert une boite de Pandore et fait du XXIe siècle un monde où les anarchistes défendent la démocratie, et les démocraties défendent et arment numériquement les dictatures. A moins d’un improbable sursaut de probité des démocraties, cette situation est partie pour s’installer.
D’un coté les dictatures et leur arsenal numérique répressif, de l’autre les cryptoanarchistes et leurs outils pour déjouer l’arsenal de la terreur. Au milieu, les marchands d’armes et de musique numérique, qui font tout pour orienter les démocraties vers le chemin qui leur est le plus profitable. Nous voyons sous nos yeux la mise en place accélérée (n’en déplaise à Virillo), d’un nouveau monde bipolaire. Cerise sur le gâteau : le mur de Berlin vient de tomber… A Tunis.
S’arrêter aux exploits techniques de systèmes comme Telecomix ou comme les Anonymous est certainement le plus grand danger qui guette ceux qui débarquent et qui cherchent à comprendre : c’est la confrontation des modèles organisationnels qui est la seule clé de lecture qui permet de comprendre l’étendue du problème dans lequel se trouve le monde d’aujourd’hui.
En France, le dernier conseil des ministres vient de nommer l’ancien patron du GIGN, les brigades d’élite de la gendarmerie (qui n’est plus tout à fait l’armée), à la tête de la sécurité de la région Ile de France. De tout évidence, à l’Elysée, on a enfin réalisé l’ampleur du conflit et sa dimension méditerranéenne, et l’on commence à mesurer les réalités du rapport de force qui laissaient penser il y a peu qu’il ne s’agissaient que d’aimables gugusses dans leurs garages.
01 février 2011 à 10:05
Bonne lecture … mais une relecture serait nécessaire.
somme toutes similaire –> somme toute similaire
bonne volontés –> bonnes volontés
sans frontières definie –> définies
contours délibérément flou –> flous
chez Telecomix, ont est –> on est
écritures sacrés –> sacrées
un blague –> une blague
leur travaux –> leurs travaux
de nos jour –> de nos jours
guète –> guette
les ministre –> les ministres
et j’en oublie … de même, ne pas confondre chaos et anarchie, qui n’ont absolument rien à voir. Enfin, il me semble une bonne chose que pour préserver sa liberté, il faille apprendre à le faire. Au moins, on commence à comprendre qu’elle n’est pas acquise, qu’elle se mérite.
Fabrice, n’hésitez à à éditer ce message pour en supprimer les corrections suggérées.
01 février 2011 à 11:18
@anar
merci pour les corrections orthographiques :-)
J’ai tendance à voir de l’anarchie du coté des anciens et du chaos chez les petits jeunes des Ano, mais très honnêtement, faut que je retourne à l’école et que j’aille diner avec des potes hackers anar (j’ai ça en stock) pour vraiment comprendre en profondeur cette philosophie politique, j’ai peur que le mot anarchie soit tellement chargé de n’importe quoi que j’ai fini pas moi même être un peu confus… #formationpermanente
01 février 2011 à 11:51
quelques pistes avt le diner : se passer d’autorité quand cela elle est inutile pour vivre ensemble. Veiller à ce que le pouvoir ne soit pas un enjeu, une valeur mais une responsabilité, une confiance confiée par tous a certains pour le tt necessaire au réalisations communes… ca permet de parler de ce quon connait quand c nécessaire pr le collectif
:)
01 février 2011 à 13:18
Et ne pas faire l’amalgame entre anarchie et démocratie! On voit très mal un anarchiste défendre la démocratie (ou l’institution légaliste que sont les droits de l’homme, d’ailleurs). Ce qui ne l’empêchera pas d’agir en faveur de la liberté et de la circulation de l’information! (A propos d’Internet, il y a aussi dans les milieux anarchistes la tendance qui consiste à vouloir abolir un instrument de virtualisation de la réalité).
01 février 2011 à 14:12
@AkimBey
Tu résume la pensée de l’auteur dont tu prends le nom ?? (c’est une question, je ne maitrise pas ses écrit et bien évidemment, je suis coincé, faut que je lise tout ce qui concerne les TAZ vu l’importance que ça prend…)
mmjs
Je ne fais pas d’amalgame entre démocratie et anarchie, bien au contraire, ils s’opposent, et je suis tout aussi surpris par cet état de fait, mais les faits sont bien là, ce n’est pas de l’ordre de l’analyse…
Le terme démocratie, tel que les défendent des anar (cryptoanar, pas vraiment la même chose au passage), n’a rien à voir avec la démocratie telle qu’elle existe aujourd’hui. C’est un concept peuplé de valeurs nouvelles apparue il y a peu (et l’appeler démocratie est peu être un abus de langage ou un manque de vocabulaire, en effet).
Est-ce que les droits de l’homme peuvent etres légitimement défendu par des anars ? (si tant est que la liberté d’expression s’y entende de la même manière, le droit à la publication pour tous étant lui très nouveau – et d’ailleurs, ce n’est pas un droit au sens constitutionel, il s’est imposé), et le droit à l’information étant lui aussi très nouveau, et non inscrit ds les droits de l’homme)
J’ai peur que la grille de lecture demande révision…
Par ailleurs, je ne parle ici que de cryptoanarchiste, c’est une branche très spécifique, il ne faudrait pas réduire cela à de l’anarchie et inversement. Les anar ‘tradi’, sont complètement en dehors de tout cela, on est plus proche des affreux libertariens que fustigeait Mitterrand à l’Assemblée Nationale.
01 février 2011 à 14:26
Je trouve amusant les similarités de charte graphique entre Telecomix et La Quadrature du Net :
- Logo représentant une lettre grecque dans un cercle : pi pour LQD, omega pour Telecomix
- Utilisations d’images de propagandes du passé (abondamment utilisé ici aussi :)
- Mise en page de leur sites respectifs
Ceci dit les 2 ont également les mêmes combats : militants pour la neutralité du net, observation des instances européennes et critique des textes ACTA, paquet télécom, HADOPI, IPRED,…
01 février 2011 à 14:37
@Nozduz
Si vous voulez dire par là que les deux organisations sont proches, c’est incontestable, il y a d’ailleurs une vignette de LQDN dans la rubrique ‘friends’ de Telecomix et les personnalités des deux cotés se connaissent et s’apprécient. On pourrait dire ça de RWW aussi, à titre perso, je fais aussi bcoup de détournements d’affiches de propagande au titre de ‘loisir créatif’, en quelque sorte… C’est plus un référant culturel commun et générationel autour d’un groupe qui partage des valeurs (et une approche ‘infowar’ des média, complètement différente de l’approche journalistique).
Le logo, franchement, je n’adhère pas à votre analyse. Sur LQDN, outre la fascination pour les math – commune a à peu près tout le monde dans ce milieu, y compris moi – LQDN joue sur le jeu de mot (quadrature, cercle remplacé par Net et par le π), alors que Telecomix joue sur le détournement de logo de confrérie secrète du pouvoir US, comme les Skulls & Bones, en truffant cela de référence (pyramide, Omega, et avec les éclairs inversés, dirigeant leur foudre sur le pouvoir plutôt que de les émettre à partir du pouvoir symbolisé par la pyramide).
La mise en page elle, reflète en effet une culture commune consistant à se foutre totalement du design, là dessus, j’en suis totalement étranger, ça se retrouve plus chez des gens qui installent Linux sur leur machine perso et qui préfèreraient mourir plutôt que d’installer un soft propriétaire (ce qui est bien le cas des membres de LQDN que je connais et très probablement le cas de la plupart des membres de Telecomix)
Les combats (et les valeurs) sont ceci dit les même, qu’il s’agisse de celles défendues par LQDN, Telecomix, les Anonymous désormais, RWW, Numérama, Korben, PCinpact, etc, etc, etc…
01 février 2011 à 14:54
Que les entités se connaissent je n’en doutais pas et c’est tout à fait logique :)
C’était surtout cette référence culturelle que je voulais souligner. Le fait que la défense des mêmes idées (que je partage complètement) vient se retrouver dans une sorte d’art commun (je sais pas si c’est très clair ce que je raconte).
En tout cas merci pour l’éclaircissement sur le logo Telecomix.
Sinon, je me retrouve complètement dans cette phrase là => « ça se retrouve plus chez des gens qui installent Linux sur leur machine perso et qui préfèreraient mourir plutôt que d’installer un soft propriétaire »
01 février 2011 à 15:08
Si, si, c’est clair, c’est d’ailleurs là dessus que je m’appuie pour dire qu’il s’agit de deux générations distinctes : les gens comme moi (ou Zimmerman de LQDN) qui ont vu le mur de Berlin tomber, et ceux qui sont plus jeune et pour qui cela appartient aux livres d’histoire.
JZ de LQDN, que je connais depuis longtemps, est par exemple tombé par hasard sur mes petits détournement sans savoir qu’ils étaient de moi, c’est là qu’on s’est découvert ce goût en commun, les clips de Telecomix sont du même ordre. Les régimes autoritaire, pour nous, c’est ça, et en aucun cas une BD cult (V pour Vendetta), des mangas, et tout cet imaginaire propre à la génération digitale. Les valeurs portées, par contre, sont très proches…
La dynamique ‘culture libre’ que ma génération a mise en place est très timide, elle atteint rarement des effet de masse (bien que), avec la génération digitale, le potentiel est énorme…
Pour ce qui est du linux, c’est un trend fort chez les vieux ‘intégristes’ de l’open source (no pun intended), c’est ‘mode’ chez les jeunes, ça montre aux yeux de leur pair leur supériorité technique, ce qui est de nos jour un atout social, alors que quand j’avais leur âge, c’était une tare…
Arrivée à l’âge adulte, je roule en Macintosh et en iPhone, avec un plaisir coupable, à peine compensé par le FreeBSD qui est au coeur de mon OS, un peu comme un écolo qui roulerait en 4X4… C’est mal, mais le confort bourgeois, fusse-t-il numérique, est tellement agréable… (ceci dit, pour l’iPhone, la ligne jaune a été dépassé à mon sens, le prochain sera un android en ce qui me concerne).
01 février 2011 à 20:44
Je ne comprends pas votre dernier paragraphe, et l’affirmation non argumentée que cette nomination signifie une prise de conscience du pouvoir.
Cette personne a t-elle des compétences spécifiques en nouvelles technologie, hacking, une licence de sociologie des nouvelles relations digitales ou autre ? La seul chose que vous nous dites c’est qu’il a digéré le GIGN, j’en conclus qu’il sait diriger des autres, faire face à des crises, bref il a les compétentes que l’on attend des forces de l’ordre (normal pour ce poste).
De là suppurer qu’il connaît et comprend le milieu des hackers (qui respectent plus la parole venant de leur pairs ayant fait leur preuve, que le cravateux sorti de l’ENA), vous faites une relation que je suis pas (mais si vous avez des références)
02 février 2011 à 0:58
« Les combats (et les valeurs) sont ceci dit les même, qu’il s’agisse de celles défendues par LQDN, Telecomix, les Anonymous désormais, RWW, Numérama, Korben, PCinpact, etc, etc, etc… »
Les valeurs sont les même ? :-) RWW est en creative commons ? Et la libre circulation de l’information dans tout ça ;-) ?
Cependant, je ne doute pas de ton attachement à la culture numérique et aux idéologies politiques passionnantes en cours de formation. C’est toujours un plaisir de lire tes analyses d’une fraicheur et d’un enthousiasme débordant.
Tiens, un livre intéressant si tu ne l’as pas encore feuilleté, mais que tu risques d’apprécier que moyennement dans sa finalité: « La tyrannie technologique, critique de la société du numérique. » du collectif pièces et mains d’œuvre.
Il y a un peu de bon sens parmi de nombreuses conneries, le livre a le mérite d’être complétement en opposition aux normes de notre époque. Cela permet de relativiser les euphories collectives du technicisme.
02 février 2011 à 1:10
@Antonin
Touché :-)
J’ai tenté de négocier les CC pour RWW sans succès. Tu me reconnaitra d’avoir cofondé Owni.fr et d’avoir traduit et publié Culture Libre de Lawrence Lessig ;-)
02 février 2011 à 1:48
@Fabrice,
Oh oui, et bien plus encore.
Concernant ton penchant à changer ton iphone contre Android, personnellement, je me demande de plus en plus ce qui est le mieux entre acheter une technologie fermée qui fait peu commerce de mes données personnelles et récupérer un android datavore qui va utiliser mes données pour cibler publicitairement mes amis et moi… Le choix n’est pas aisé.
02 février 2011 à 9:06
Il y a là une réflexion capitale, à prolonger, c’est cette recomposition politique en cours, sous l’impulsion des crispations sécuritaires des démocraties libérales occidentales : le rapprochement de démocrates attachés aux principes généraux issus des droits de l’homme, en gros, et d’anarchistes (plus souvent des techno-anarchistes, pour reprendre la distinction que vous faites, Fabrice, entre hackers plus jeunes et anars plus vieux issus des orgas politiques vieillissantes) pourtant idéologiquement opposés à tout forme de norme venant « d’en-haut ».
Les frontières s’effacent, toutes proportions gardées, entre les dictatures comme en comporte le sud de la Méditerranée, mais aussi le Moyen-Orient, l’Afrique ou l’Asie, et les démocraties occidentales qui ont pour beaucoup entrepris une course à l’armement cybernétique et étendent une forme de biocontrôle enrobée de novlangue sécuritaire. On voit bien la parenté, ténue mais réelle, entre les filtrages et censures d’internet pratiquées dans les régimes autocratiques, théocratiques ou dictatoriaux, et les projets de techno-contrôle mis en place en Occident, qui répondent à la foi à la pulsion sécuritaire a-démocratique, et au lobbying intense des oligarchies industrielles (lesquelles, on le sait depuis longtemps, s’épanouissent aussi bien sinon mieux en milieu autoritaire qu’en milieu démocratique). De fait, on retrouve des démocrates inquiets de ces évolutions liberticides, voir carrément au fait de leurs impacts (je pense aux noms que vous citez, à Benjamin Bayart, et bien d’autres) et des franc-tireurs moins sourcilleux avec les principes mais soucieux de liberté avant tout, du même côté de la « barrière » qui est en train de se redessiner.
02 février 2011 à 11:38
Benjamin Bayart, of course… Lui plus que tout autre a pris son baton de pélerin pour éduquer les foule (ce qui reste la meilleure façon de les mobiliser), sans parler de la FDN… L’internet Français leur doit beaucoup (comme l’internet Egyptien du reste).
02 février 2011 à 17:16
@antonin
Si tu veux je ramène des nokia N&B de new delhi. Ils n’ont aucun des defauts évoqués dans ton message :)
02 février 2011 à 19:38
Trève de plaisanterie
Le terrain de bataille n’est pas dans de la propagande adverse déguisé en anarchie liberatrice : « l’information vuet ^etre libre » ( mais controlé dirait wikileaks : je sais je suis pas gentil je tape sur les sauveur du monde : qui donne de l’espoir a des abrutis )
Le terran de bataille est dans l’émancipation matérielle des masses : l’internet a liberé le bit , le matériel libre libérera le monde matériel
http://www.zigonet.com/hologramme/des-hologrammes-pour-remplacer-les-agents-des-aeroports_art19519.html
Vous n’avez pas le choix : au fait : le travail va disparaitre : et quelque soit le votre : meme si vous être un petit bourgeois bien engraissé : l’économie sans travail ca ne marche pas
On peut soit attendre que par miracle : nos seigneurs et maitre nous donne une allocation universelle
SOIT ON SE BOUGE : L’avenir pourrait être pis que ce vous avez jamais imaginé, et vécu jusque maintenant : a coté les pays sous dévellopé et surpeuplé c’est du gateau au miel !
Devenez autonome : en nourriture (hydroponie pour 100 euro) , eau (eau de pluie pour 50 euro), électricité ( NRJ renouvellable pour 1000 euro )
Je n’ai pas dis que ca sera facile : j’ai dis que c’est la voie la plus sur pour vous. JE peut vous confirmer les prix que j’avance mais si vous cherchez vous trouverez également.
N’oubliez pas l’autonomie des communications : des réseau ( en créant vos réseaux ) et des forces de l’ordre
03 février 2011 à 15:55
@ Fabrice
A mon humble avis, il n’y a pas « la démocratie telle qu’elle existe aujourd’hui », imparfaite, et une démocratie idéale qui serait l’horizon libérateur de l’humanité. La démocratie n’est après tout qu’un système politique, c’est-à-dire une forme d’organisation de la société qui prévoit la domination d’une partie sur l’autre. Le fait de « détenir le pouvoir collectivement » (pour citer Wikipédia) n’abolit pas pour autant les relations de pouvoir.
« L’anarchie, c’est l’ordre sans le pouvoir ». Cette citation de Proudhon (qui n’est certes pas l’anarchiste le plus exemplaire qui soit) permet d’illustrer l’opposition entre anarchie et démocratie, mais aussi entre anarchie et chaos (pour reprendre les termes de ton article). Une des questions majeures soulevées par la pensée anarchiste est celle de l’organisation (comment s’organiser ensemble sans tomber dans le piège des relations de pouvoir?), et il me semble que la façon dont travaillent ces cyber-activistes ou bien certains libristes est une réponse à cette question.
« Est-ce que les droits de l’homme peuvent être légitimement défendus par des anars? » Non. Pas seulement parce que les droits de l’homme prévoient le droit à la propriété (art. 17 de la DDHC de 1789 et de la DUDH de 1948), mais parce que le concept même de « droit » est contraire à l’idée que l’homme est essentiellement libre, et que la société peut se réguler sans l’intervention d’un corps de loi. On peut trouver cela naïf, mais le propos est justement de dire que lorsque l’on soustrait le pouvoir aux relations humaines, la société peut s’auto-réguler.
Par ailleurs, je trouve étrange de considérer le « droit à la publication » et le « droit à l’information », et de les considérer comme « nouveaux ». Ce qui est nouveau, c’est qu’avec Internet, chacun peut facilement et (presque) gratuitement publier et s’informer.
A propos de la distinction entre anarchistes « traditionnels » et « crypto-anarchistes »: soit on considère que les nouvelles technologies nous emprisonnent, permettent un contrôle social plus raffiné, soit qu’au contraire elles servent notre émancipation. Je crains que cela dépende en grande partie de notre niveau de maîtrise de l’outil informatique (et de compréhension des réseaux).
@ U.H.M.
C’est quoi cette histoire d’ »anars plus vieux issus des orgas politiques vieillissante »? Un anar ne fait partie d’aucune « orga politique »! Ou alors ce n’est pas un anar! ;-
@ Sparrow
Des liens pour contribuer à l’élan de la jeunesse vers l’autonomie? ;-)
03 février 2011 à 16:33
@mmjs
Le terme démocratie n’est en effet pas très satisfaisant, disons qu’il existe une très grande marge de progression offerte vers… la démocratie 2.0, on va dire, offert par les technologies sociales dont aucune démocratie ne s’est saisie pour l’instant (parce que corrompues, ou plus vraisemblablement, parce que le change management est insurmontable). Le système de représentativité est à mon sens obsolète avec l’arrivée des média sociaux, je n’irais pas jusqu’à prôner sa disparition, mais le compléter lourdement par une intervention directe possible du peuple dans la vie courante de la démocratie, oui. (plus facile à dire qu’à faire, j’en conviens).
Pour le chaos, je parlais de la façon de bosser, pas de la philosophie politique de Telecomix, à l’origine, c’est ce qui m’a incité à écrire ce billet : une fascination pour cette capacité à mettre en œuvre et exécuter un projet en un temps record, sans la moindre méthodologie qui soit en rapport avec tout ce que l’on peut connaitre en terme de gestion de projet. Non seulement c’est fascinant en tant que tel, mais il y a là beaucoup à apprendre du coté de ceux qui, comme moi, utilisent des méthodes agiles, qui semblent bien lentes face à ça. Il y a des enseignements à en tirer. Bref, c’est les méthodos de travail consistant à tirer de la valeur du chaos que constitue les ‘forces de travail volontaires’, le tout sans méthodo bien définies, et dans des temps d’exécution à priori parfaitement irréalistes (et pourtant, elle tourne).
Ensuite, les ‘anars’ ne défendent pas spécifiquement les droits de l’homme, c’est un assemblage plus complexe. Ils défendent l’anonymat. Les Anonymous, eux, défendent les droits de l’homme, mais ils ne sont pas Anars, c’est plus de l’ordre de l’hyperdémocratie (ils passent leur temps à voter, à coopérer, à cocréer). Les anars (si tant est que l’on puisse apposer ce qualificatif tel quel à Telecomix, ce dont je doute), défendent au contraire la mise à mort de la propriété dans le territoire du numérique (droit d’auteur, et par extension, sabotage de toute velléité de censure ou de surveillance), là dessus, ils sont parfaitement cohérent avec les idéaux anars. Ils sont également totalement cohérent avec les vues défendus par des gens comme Richard Stallman, et du coup se retrouvent dans les même sphères idéologiques que beaucoup de monde, notamment parmi les anti Hadopi, et en particulier des gens tels que moi (qui sans aller jusqu’à demander la mort de la propriété intellectuelle, œuvrent pour la limiter et faire cesser ses abus dans le domaine commercial, et l’assouplir à l’extreme dans le cadre d’utilisation non commerciales/free culture).
Pour ce qui est de la nécessaire maitrise des technologie, seule garante de la liberté à l’ère du numérique, on est parfaitement d’accord. Il y a beaucoup d’éducation à faire, mais pour la génération Digitale, ce sera relativement facile (surtout après les arrestations d’Anonymous, on peut être certains que cela va en inciter beaucoup à apprendre tout cela)
09 février 2011 à 1:55
Dans le paragraphe « Des armes pour lutter contre l’oppression », il me semble qu’il manque un m »au »t (« [...] tout cela passe par la mise point d’une palette d’outils. » – 3e ligne).
Article fort intéressant (et les commentaires ne le sont pas moins, bien au contraire).
11 mars 2011 à 11:13
la democratie : du grec demokratia formé de demos « territoire » lui meme venant de daiesthai « partager, dechirer » puis « peuple » et de kratein « commander »