Les RH vont-elle révolutionner l’entreprise en s’appuyant sur les réseaux sociaux ?

En 1998, à peine sorti d’HEC, Frédéric créait JobSésame, racheté par Monster dont il pris en charge le développement Européen jusqu’en 2005, date à laquelle il fonda Webcastory, une plateforme de SocialTV qui a lancé avec succès plusieurs webTVs dont les contenus sont conçus par les communauté qui les animent. La dernière née, HRchannel, revient sur l’expertise qui a fait le premier succès de ce sérial entrepreneur : l’impact des nouvelles technologies sur la fonction RH des entreprises, mais cette fois-ci, il va bien plus loin que le recrutement en ligne des années 90. [full disclosure: Webcastory est un partenaire de ReadWriteWeb]

Ne nous voilons pas la face : en dépit de discours lénifiants et politiquement corrects qui soulignent si ardemment le contraire, il est incontestable que les RH ont encore beaucoup de mal à peser dans les décisions de l’entreprise – tout au plus doivent-elles les appliquer en prise direct avec l’exécutif et sa vision stratégique long terme. La littérature mondiale abonde en propos insinuant la frustration et le malaise dans ces fonctions qui voudraient être, et mériteraient d’être plus entendues.

Non pas qu’il faille se complaire dans la vision navrante d’un tableau tout en noir : les nuances de gris d’une société à l’autre sont d’une rare complexité et il faut se garder de tomber dans l’écueil d’une généralisation racoleuse.

Mais si les RH avaient un rôle décisionnel incontestablement puissant, et solidement ancré, cela se saurait. Il n’existerait pas autant de conférences, de séminaires, de keynotes plus ou moins bien documentés ces derniers temps pour nous faire régulièrement entendre la complainte de DRH en quête d’une légitimité, jusqu’ici proche de l’illusoire, en passe de devenir tangible grâce à l’émergence des outils qu’on l’on regroupe par abus langagier sous le vocable de « 2.0″.

Comme si le 2.0 cristallisait tous les espoirs de reconnaissance d’une profession qui identifie là un argument massue pour être enfin entendue.
Parce que malgré les freins en présence, les résistances exprimées en interne avec plus ou moins de bonne foi, il se produit en ce moment ce qu’il est de bon ton dans les salons B2B mondains d’appeler un « changement de paradigme »…

Oui, le 2.0 joue là un rôle moteur. Les usages, pas les outils. Attention, ceci est un autre débat mais il a un impact sur la légitimité du postulat. Car il ne s’agit pas d’un coup de baguette magique provoqué par quelques plateformes géniales : ce sont ces plateformes d’un nouvel âge qui se sont mises au service d’un besoin qui s’est parfois exprimé dans la douleur, pas l’inverse : elles n’ont rien provoqué, ce ne sont que des porte-voix – et c’est pourtant déjà beaucoup.

Les usages ainsi pointés sont déjà considérés comme une donnée élémentaire pour définir l’activité et les attentes des jeunes générations chez qui tout indique qu’ils soient plus naturels, et de ce fait moteurs dans le changement ; mais qui contrairement à une idée reçue qui a la peau dure, ces usages explosent peut-être plus encore fortement chez les cadres seniors qui trouvent là une zone de liberté et surtout de reconnaissance dont ils désespéraient jusqu’ici – ce qui expliquent qu’ils s’en soient emparés avec peut-être plus encore d’espoir (ou d’énergie du désespoir) et de volontarisme que les jeunes de la fameuse génération Y qui tient ces outils pour acquis.

Rencontrons nous pour en parler

Il s’agit donc, à l’occasion de quelques plateaux TV (en mode talkshow, sur un ton amical et entre pairs, mais qui ne craindront pas la polémique et refuseront toute langue de bois), et d’une rencontre informelle dans le contexte d’une journée que nous avons baptisée « lounge TV », parce qu’un espace lounge annexe permettra aux visiteurs d’échanger sur des thèmes plus sensibles dans le contexte informel d’un open space, il s’agit donc disais-je de confronter nos visions.

Ces visions feront-elles de nous de simples passionnés pêchant peut-être par idéalisme, ou au contraire vont-elles nous positionner parmi les réalistes, ceux qui ont compris avant les autres ?
Le goût des ressources humaines nous prédispose-t-il à une vision du monde si sincèrement humaniste qu’elle en perd toute prise avec le cynisme ambiant ? Ou au contraire les RH sont-ils acculés à être autant sinon plus fatalistes que ne le sont leurs élistes dirigeantes, forcément tournées, l’inquiétude en plus, vers des problématiques de survie dans un environnement mondialisé qui les contraint à faire fi de considérations humanistes aujourd’hui plus sensibles que jamais sur des thèmes aussi variés que la gestion des risques pshysociologiques, la responsabilité sociale, l’égalité des chances, la diversité, l’exigence de transparence et j’en passe tant d’autres encore ?

Il y sera question donc, ce jour-là, de poser les jalons en termes de questionnements utiles sur l’avenir des RH qui disposent aujourd’hui d’une arme puissante : le 2.0 – qui n’est pas juste un package bien outillé en gadjets interactifs, mais une déferlante et, à ce titre, une fatalité qu’il faut prendre en compte pour ne pas perdre la confiance des collaborateurs dont les attentes ne sont pas forcément plus fortes qu’elles ne l’ont été naguère : elles sont juste incomparablement plus audibles et impossible à ignorer.
Rien de grand ne s’est jamais négocié en ce bas monde sans chantage : le 2.0 est plus puissant qu’un chantage, c’est aussi un prétexte que les plus éclairés des managers sauront actionner au sein des gourvernances pour faire entendre raison aux plus rétifs.

« Si vous ne prêtez pas attention à cette exigence de transparence, votre capital confiance va s’écrouler ». « Vous y perdrez beaucoup si vous ne commencez pas à embrasser de suite les conversations qui sont portées par vos collaborateurs, tant en interne qu’en externe le plus souvent sous couvert d’anonymat ». VOilà ce qu’on pourraient aisément les entendre s’écrier.

De tels propos sont impossibles à ignorer. Parce qu’ils ont un impact inconstable sur la réputation de ces entreprises sur le public, parce qu’ils ont un impact sur la création de valeur. Les dirigeants commencent alors à le saisir sous l’impulsion de crises grandissantes, et parce qu’ils sentent balancer au-dessus de leurs têtes une épée de Damoclès dont il ne parviennent pas encore pleinement à saisir les implications et la réalité : plus ou moins confusément, plus ou moins habilement, ils ont donc décidé d’écouter ces visions RH d’un âge nouveau.
A nous maintenant de contribuer. Saurons-nous porter là un message salutaire ?

A n’en point douter : si tant est qu’il existe un lieu où puissent être corrigés, même tout doucement, et même imperceptiblement, les excès du capitalisme et ses dommages collatéraux humains, c’est bien sous l’égide d’un soft power 2.0. Si tant est que nous devions modestement contribuer à changer le monde des entreprises, et peut-être le monde tout court, ce sera dans l’effervescence intellectuelle et sociale que les médias sociaux rendent plus perceptibles que jamais et dont ils étendent et amplifient l’influence.

La question est de savoir si nous saurons être collectivement à la hauteur : structurer nos propres conversations et notre écosystème professionnel, pour donner plus de poids à nos arguments.

Je vous propose une première journée de rencontres en compagnie des professionnels de l’écosystème RH, le 17 mars prochain, dans le but assumé de structurer un discours et un appel communs.

(image d’illustration CC de xdjio)


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11 commentaires pour cet article

  1. Toto le héros

    Les phrases sont beaucoup trop longues, en plus d’être trop compliquées.

  2. Fabrice Epelboin

    @Toto

    Peut être faudrait il changer de lecture ? Il y a plein d’autres choses à lire sur internet, bien plus faciles.

  3. Ellissard

    Bonjour,
    Je ne comprend pas vraiment cette phrase et surtout où est le problème : « il est incontestable que les RH ont encore beaucoup de mal à peser dans les décisions de l’entreprise – tout au plus doivent-elles les appliquer en prise direct avec l’exécutif et sa vision stratégique long terme »

    C’est normal que les RH ne pèse pas dans les décisions techniques et ou commercial. Ils sont là pour gérer le personnel et non l’entreprise.

  4. Fadhila Brahimi

    @Ellissard Normal ?!!- Oui, effectivement, c’est en pensant cela que de nombreuses directions commerciales et techniques prennent des décisions sans se soucier du niveau de qualification, des obligations légales, des besoins de compétences, des délais de recrutement (interne et externe) & de formation, des impacts sur les rémunérations & l’organisation du temps de travail,etc …. induits leurs décisions stratégiques.
    Je me souviens du visage désespéré d’un Directeur Commercial qui venait d’acter une ouverture de marché vers l’étranger; tout content et satisfait avec son beau communiqué de presse. Un visage décomposé lorsque j’ai du lui annoncer que sa date de lancement était impossible à respecter en l’état et que nous n’avions ni les ressources, ni la possibilité de déroger aux accords cadre,etc.
    L’histoire est longue et se résume en deux points :
    –> Une prise de décision stratégique en l’absence de la RH. 4 mois de retard et un beau communiqué de presse pour annoncer que c’était une blague. Évidement, au sein de l’entreprise la phrase qui pendait aux lèvres était « c’est à cause de la RH » (la suite non-dite : …. qui n’avait pas été consultée en amont) mais une belle catastrophe médiatique pour l’entreprise.

  5. Poirot

    @Elissard : je partage en tout point la réponse de Fadhila. La position floue et instable des RH soulignée par l’article de Frédéric tient à l’ambivalence de leur position au sein de l’entreprise : au service de l’entreprise et de ses objectifs (dont, entre autres, la satisfaction des actionnaires, qu’on le déplore ou pas) ET au servcie des salariés, de leur développement personnel et de leur épanouissement, seuls garants du succès durable de l’entreprise.
    Le drame : les décideurs ne rentrent pas forcément dans ce schéma !

  6. Ellissard

    @Fadhila Brahimi Je comprends votre point de vue et en effet lorsque l’on fait un planning sur un nouveau projet (de production, une nouvelle antenne …) on doit prendre en compte le personnel formé disponible tous comme l’on prend en compte le temps machines. Mais, la phrase que j’ai relevée sert de postulat à la suite de l’article et je la trouve « maladroite » car elle donne l’impression que les RH devraient gouverner la stratégie à long terme et non la « subir ».

    Si je prends un autre domaine comme la production. On me dit : « Voilà, on veut fabriquer un nouveau produit comme ça, comment tu le produirais ? » Et bien dans ce cas, je vais recenser les machines disponibles, combien d’heure je peux les faire travailler … À partir de ça, je vais décider si j’en achète de nouvelles, si j’ai besoin de former du monde etc. Je vais chiffrer tout ça et les instances supérieures vont décider. Par contre, je ne vais leur dire « Votre produit c’est de la merde, on ne devrait pas faire ça. »

    Attention, même si je compare produit et être humain, je ne dis pas que c’est la même chose hein :)

    Bref, qu’ils soient consultés oui, mais pas qu’ils prennent de décision pour le futur de l’entreprise comme il faudrait plutôt vendre tel type de produit, développer sur tel logiciel.

  7. Frederic BASCUNANA

    @ellissard : je peux vous inviter à ouvrir un dictionnaire ? – ça nous évitera de taper sur un clavier pour ne rien dire.
    « peser » dans les décisions : ne signifie pas « décider à la place de ».
    « peser » : le mot, c’est « peser ».

    C’est peut-être ça le problème : la tour de Babel est toujours là, sur des mots et des expressions d’une simplicité enfantine on lance encore des débats d’une vanité absolue alors que très clairement, et dans le fond, tout le monde est d’accord.
    Relisez Schopenhauer : non je ne me la joue pas, je vous assure que son opuscule sur L’art d’avoir toujours raison est lumineux : ce qu’il pointe d’entrée de jeu, dès les premières pages, c’est que les hommes So,t trop cons pour s’entendre parce qu’au lieu de cherche ensemble une vérité, et d’aller dans la même diction, ils s’enlisent dans les moyens termes et ergotent sur la qualité de l’argumentation et s mots employés, et ils le font avec une mauvaise foi affligeante.
    Je suis affligé par la médiocrité de la réaction, vraiment.

  8. Cécile

    Permettez-moi Frédéric, de vous trouver un peu dur dans le fond et surtout dans la forme de votre post.
    L’intérêt des commentaires (que vous avez vous-mêmes suscités en écrivant et en publiant votre article), c’est justement d’échanger des points de vue pour enrichir le débat et avancer.
    Et même si je vous comprends, je trouve très intéressant de lire des points de vue comme celui d’Ellissard car ils permettent d’engager le dialogue et de faire avancer les choses. On a tout intérêt à le faire plutôt que de se tourner le dos, si on veut justement que la place des RH en entreprise soit mieux reconnue et valorisée pour ce qu’elle apporte.

  9. Azdan

    Bonjour,
    @Frederic BASCUNANA Désolé mais je me sens obligé de soutenir @Ellissard, il ne jouait pas sur le mot « peser » mais faisait juste remarquer que le rôle des RH n’est pas de guider une entreprise mais de rendre les décisions stratégiques viables ou d’empêcher celles qui ne peuvent pas l’être.
    Par contre, les phrases de l’article sont effectivement assez longues et peu claires, parfois pompeuses ce qui est dommage car le fond est intéressant.
    Mais le prochain article sera meilleur je n’en doute pas.

  10. Ellissard

    @Frederic BASCUNANA bonsoir, mon but n’était absolument pas de jouer sur un mot ou de dire c’est moi qui ait raison et c’est vous qui avait tort sinon, je n’aurais pas écrit des commentaires aussi longs.

    Je pensais que le but de l’article était de créer un dialogue et je me suis donc interrogé sur le postulat de l’article en donnant mon point de vue car je pense que vous l’avez compris, je ne suis pas un DRH  et ne connaît que de très loin ce monde. Après, votre article m’aura permis de me rendre compte qu’il y a un malaise dans la profession qui a un besoin de reconnaissance même si je n’ai pas réellement compris pourquoi. Certainement parce que je n’ai pas lu Schopenhauer :) Blague à parts, je pense que c’est plus parce que je ne connais pas ce monde et que le postulat m’a interpellé.

    Bref, je vous souhaites une bonne continuation et au plaisir de vous relire.
    Amicalement,
    Ellissard

  11. Lord BlackFox

    Rien à voir, mais c’est mon sozie sur la photo illustrant l’article

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